>> Edito
Août / sept 2004
Signes de reprise dans un secteur encore fragile 

L'étude Syntec sortie en juillet a révélé une légère reprise au premier semestre.  Reprise qui pourrait s'inscrire dans le retour à la croissance observée par la Feaco pour l'Europe en 2003. Toutefois la circonspection reste de mise car la  récession du secteur conseil en France s'était creusée entre 2002 et 2003, alors même que les statistiques l'avait initialement minimisée. Prudence donc, d'autant que beaucoup s'accordent à ne voir le retour à la normale qu'en 2005 - 2006

Dans l'aval de la "sortie officielle" de notre site, nous nous retrouvons bien malgré nous dans une étrange situation de doute: le conseil est-il durablement entré dans une phase de régression ou bien a-t-il déjà commencé sa phase de résurgence? Les propos qui se sont échangés lors du colloque de l'AMCF à Amsterdam en juin allaient dans le sens d'une régression plus forte que prévu, avec pour conséquence un repli des niveaux d'honoraires que beaucoup semblaient s'accorder à considérer comme définitif. Il s'agit là toutefois d'une appréciation qualitative, entre convives, et qui se base sur les chiffres de l'année précédente. Les chiffres pour la France de Syntec Conseil en Management qui ont été présentés en juillet laissent augurer une sortie du tunnel plus imminente, même s'ils confirment le net repli de l'année précédente (-10%). L'embellie annoncée serait-elle donc pour demain ? Pas si sûr ! En effet les chiffres de la FEACO qui viennent de sortir montrent que si depuis 2003 la reprise du conseil européen est bien est là (+3,5%), ils confirment que la France s'est bien enfoncée plus profondément en 2003 ( -10%) qu'en 2002 (-5%), la plaçant même lanterne rouge des grands pays européens. Aussi aura-t-elle peut-être quelques retards à la reprise. Une chose est sûre en tous cas:  les difficultés que rencontrent les cabinets conseil sont bien réelles, mais touchent les diverses structures de manière très hétérogène, comme l'indique Jean Luc Placet dans notre interview ce mois-ci, et ce, en fonction de leurs dimensions et de leurs activités: Les majors ne vont pas très bien, surtout s'ils sont couplés fortement à l'informatique, mais cela ne devrait pas durer car ils ajustent leurs organisations et leurs stratégies et ceux qui ont fait le pari des services externalisés s'en tirent pas mal ;  les grands cabinets et les moyennes structures iraient plutôt bien, un secteur où l'on est plus spécialisé et où la consolidation est allée bon train ces dernières années ; enfin les petites structures affichent une bonne croissance, que ce soit dans les chiffres de la Feaco que dans ceux de Syntec, bien que dans les deux cas ils ne soient pas totalement représentatifs de cette frange sectorielle, notamment pour les plus petites structures. Et c'est là qu'une difficulté apparaît. En France, certaines petites structures sont régulièrement touchées de plein fouet par les "reports de missions", notamment celles émanant d'une fonction publique décidément garée en double RTT. Ce dernier phénomène n'est pas nouveau mais fortement exprimé auprès de notre rédaction cette année: certains souffriraient ainsi bigrement, allant même jusqu'à indiquer ne pas avoir accroché le moindre contrat lors du retour du printemps, qui forme en France entre la léthargie hivernale et la torpeur estivale une fenêtre de tir étroite. Constat alarmant, s'il en est, les entreprises françaises repousseraient leurs projets à la rentrée, fenêtre de tir étroite là aussi entre la torpeur estivale et la léthargie hivernale...  voir pour certains aux Calendes grecques, faisant ainsi preuve d'un attentisme olympien, voir olympique, sport où nous excellons visiblement. Une raison fréquemment exprimée pour expliquer ces "reports de missions" serait que pour un nombre croissant d' organismes, notamment para-étatiques, la gestion des projets serait de plus en plus internalisée,  parfois "en bien", avec des équipes de
Conseil Interne rompues vraiment à cet exercice, parfois "en mal", les confiant à des "recycleurs", au grand damne des consultants qui se sont au passage ruinés en temps commercial et en "fuites méthodologiques" non facturées. Dans un pays qui peine à se réformer et dont l'économie manifeste des signes de déclin, le conseil en management devra-t-il expier sur l'autel de l'amateurisme imaginé chez ceux qui ne veulent pas avancer? Une chose est sûre en tous cas: au delà de la différenciation de l'offre et du positionnement sur la matrice stratégique, l'effort commercial et l'équilibre des portefeuilles restent deux ingrédients incontournables d'un fonctionnement harmonieux des cabinets conseils.

Bertrand Villeret,
Rédacteur en Chef  de ConsultingNewsLine,


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