Carnets de voyage
Juillet-août 2006
La mouche sans raison

Capstar
Par Dominique Rocher



  A la rentrée, Marie m'avait demandé de préparer une biographie officielle de Jacques Pétrel destinée à corriger les approximations des revues spécialisées. ce type-là était vraiment quelqu'un. Parti de presque rien, il s'était, en quelques années, retrouvé à la tête de l'une des strat-up parmi les plus prospères d'Europe.

  Tout avait commencé à Meslay-du-Maine, un bled de Mayenne où, avec quelques copains, il s'était d'abord lancé dans l'importation, via des grossistes anglais, des premiers jeux vidéo américains édités sur disquettes. Le marché était encore neuf, la petite équipe de pionniers avait bientôt rouler sur l'or. Devenu numéro un français de la distribution, "Petrel International" avait donné naissance à une filiale qui prit bientôt son indépendance: la "CTRL Free Touch" (Creativity, Technology, Research & Liberty). Jacques rêvait de lancer ses propres produits. Comme personne dans son entourage, ne croyait au succès d'une telle entreprise, il s'était résolu à faire cavalier seul et à louer un immeuble de sept étages dans une friche industrielle d'Aubervilliers. Au printemps 1994, il recrutait, en quelques semaines, plus d'une centaine de personnes - dont David et Pascal -  et tentait le tout pour le tout. Doté d'un flair infaillible il touchait à nouveau le Jackpot. Avec "Joyzik" et "Evha One", la CTRL n'allait pas tarder à acquérir une réputatation planétaire...

  Fin 1996, Capstar, la célèbre firme américaine, traversait l'Atlantique pour demander que soit réalisée une version actualisée d'Evha One (Evha Forever) qui serait le premier jeu à utiliser son dernier gadget: un casque virtuel aussi peu encombrant qu'une paire de lunettes ordinaires assorti de capteurs sensoriels extraplats noyés dans une  combinaison intégrale plus légère qu'une tenue de jogging! Le must! Lors d'une réunion avec les responsables du marketing , on m'avait désignée pour servir de cobaye. le test de Capstar se déroulait dans un décor reproduisant, avec une fidélité et une précision allucinante le temple de Karnak, en Egypte. J'avais pu caresser les cornes des béliers de pierre, gratter les bas-reliefs des colonnes et même jeter un caillou dans le lac sacré. Fabuleux!

  - A part la tourista, la chaleur, les odeurs et les terroristes islamiques, tout y est, n'est-ce pas? s'était esclaffé l'ingénieur californien.

Dominique Rocher
La mouche sans raison
Editions Publibook, Paris 2004


>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>   Extrait n°4


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