Mercredi 22 avril 1992, 13 h30

  - A quelle ditance vous trouviez-vous de la côte lorsque vous avez cassé votre safran?
  - A moins de deux cents mètres de la pointe de la Gournaise... Avec le courant qu'il y avait, j'ai tout de suite compris que je ne pourrais pas l'éviter.
  5h07: La Vendée reçoit votre SOS sur le canal 16...
  - Oui. David était toujours dans le cirage et j'ai dû le sortir de la cabine avant de tirer les fusées de détresse et les fumigènes... Deux ou trois minutes après, une nouvelle déferlante nous a jeté sur les rochers...
  - Où vous avez en de la chance de vous échouer presque sans égratignures...
  - La chance! Vous avez de ces mots!
  - On pourrait aussi parler de calcul! Vous saviez pertinemment que les sauveteurs de la S.N.C.M. ne vous feraient pas languir plus de vingt minutes!
  - Dans ces cas là, vingt minutes, ça compte! Et si mon bateau ne s'était pas éventré à l'abri des récifs...
  - Des récifs que vous connaissez comme votre poche!
  - Et alors? Vous n'imaginez tout de même pas que je les ai choisis!
  - Je n'imagine rien, je vous interroge! Au sujet, par exemple du sachet dissimulé sous la couchette avant...
  - Quel sachet?
  - Un film plastique contenant vingt grammes de cocaïne, ça ne vous dit rien?
  - Connerie! Je ne fume pas, je ne bois pas et je touche encore moins à ces trucs là!
  - Vous ne verrez donc aucun incinvénient à ce qu'on pratique un nouveau prélèvement?
  - Aucun.
  - Et votre ami David Pecquet?
  - Vous n'avez qu'à lui demander
 
Dominique Rocher
La mouche sans raison
Editions Publibook, Paris 2004