Jeudi  23 avril 1992, 10 h15

  -  Comment expliquez-vous que nous n'ayons toujours pas retrouvé le corps de votre passagère ?
  - Je ne ma l'explique pas...
  - D'après les affaires maritimes, les courants auraient pourtant dü, comme votre bateau, le ramener vers la côte.
  - Vous avez sans doute raison...
  - C'est d'ailleurs là qu'on a retrouvé votre bouée couronne!
  - Où ça?
  - Sur une petite plage entre la pointe de la Gournaise et l'anse des Broches. Mais ça n'est pas tout! Il y avait aussi la brassière de votre passagère!
  - Dans quel état?
  - Intacte! Exactement comme si on l'avait jetée à l'eau en même temps que la bouée-couronne. Toujours pas d'explication?
  - Je ne l'ai pas tuée, si c'est ce que vous voulez savoir!
D'ailleurs, quelle raison aurais-je eu de le faire?
  - Une chose après l'autre! Au moment du drame, David Pecquet, l'unique témoin, était, paraît-il, couché au fond de la cabine! Depuis combien de temps le connaissez-vous?
  - Depuis sept ans, environ. On étaient au lycée ensemble.
  - Vous êtes encore dans la même école d'informatique: l'ETAPI...
  - Oui. On venait juste de commencer notre stage...
  - A Nantes. Je sais! En compagnie de la victime que vous n'avez rencontrée qu'en septembre de l'année dernière...
  - Exact!
  - Septs mois d'une vague relation face à sept ans d'une indéfectible amitié... De copin à complice, il n'y a parfois, qu'un pas!
 
 
Dominique Rocher
La mouche sans raison
Editions Publibook, Paris 2004