Fédéral
Juillet 2011   


Interview : Hervé Baculard,
Président de Syntec Conseil en Management



Hervé Baculard est co-fondateur de Kea&Partners et le Président de Syntec Conseil en Management depuis juin 2010. Un an après son élection, et alors même que Syntec Conseil en Management vient de dévoiler  les résultats de son enquête annuelle, il fait le point pour nous
sur un secteur conseil en rapide évolution…



Hervé Baculard, une question qui taraude tous les observateurs : comment va le conseil en management ?

Hervé Baculard : Il  va bien. En effet, se confirme la reprise engagée en 2010. On a  retrouvé notre rythme de croisière à 3 fois la croissance du PIB. Cette année, la croissance du PIB est à 2% et nous nous faisons 6 %.


De bons résultats donc pour Syntec Conseil en Management. Ces bons résultats sont-ils valables pour tous les cabinets ?

Hervé Baculard : La reprise est là pour tous les cabinets, quelqu’en soit la taille. Mais elle est plus rapide pour 2 groupes : ceux qui proposent des prestations de stratégie d’une part,  une reprise plus rapide pour les cabinets de taille moyenne d’autre part. Les derniers cabinets de taille moyenne ont largement surperformé le marché. Ils ont profité d’une clarification du marché, d’une plus grande spécialisation. Ils se situent dans la fourchette des 25 ME – 50 ME, donc des tailles moyennes [80-150 consultants].


C’est un peu nouveau cette reprise de la stratégie ?

Hervé Baculard : C’est une reprise à la fois de la stratégie et des prestations à haute valeur ajoutée. Ce marché représente 25% du total du conseil (TJM > 1500€). Les croissances y sont de 10% contre 5 % pour le reste du marché..  


Cela est-il lié à une tendance de fond qui touche à la demande de conseil ou à un simple mécanique effet lié à une certaine reprise économique ?

Hervé Baculard : C’est une reprise saine, qui s’appuie sur une reprise réelle du marché qui pouvait déjà transparaître dès 2010 avec entre autre une reprise du recrutement dès le début 2010. Une reprise du recrutement, ce qui est toujours un bon signe.


Cela peut-il résulter d’un rattrapage après les réductions d’effectifs de 2008 et 2009 ?

Hervé Baculard : Rattrapage, certes, mais on va dépasser en 2011 le niveau de marché de 2008 avant la crise. Ainsi, sauf accident macroéconomique, on aura une croissance comprise entre 5% et 7 % : 5 si on a un atterrissage fort, 7 si l’on maintient au 2ème semestre les chiffres du premier.


Quelle était la cible de l’étude que vous venez de publier ? Les petites structures y étaient-elles représentées ?

Hervé Baculard : L’étude a concerné 400 cabinets soit 99% des activités de plus de plus de 5 personnes.  Sur cette cible nous avons 100 répondants ayant répondu de manière détaillée dont 80 membres de Syntec Conseil en Management. Ceci dit ceux qui font moins de 3,5 ME n’ont fait que 1,5 % de croissance contre plus de 5 % pour le reste. Aussi [du point de vue de l’étude] certains petits cabinets restent à risques, même s’ils ont repris le chemin de la croissance.


Certains observateurs restent pessimistes sur la croissance économique en raison des niveaux d’endettement des Etats. Par ailleurs il existe des études qui indiquent un faible rendement des entreprises de services depuis la crise. Quel est votre point de vue sur ces éléments ?

Hervé Baculard : On est en phase de reprise aussi en termes de rentabilité. En 2009 le marché du conseil avait fait  – 7% et les effectifs avaient été réduits de seulement 3 %. La reprise de chiffres d’affaires est plus vive que l’évolution du recrutement. Il faut faire attention aux analyses de rentabilité car elles sont faites sur plusieurs années, donc elles ne prennent pas en compte les meilleures perspectives de rentabilité

Cela peut – il avoir des effets sur la concentration du secteur, comme cela a été observé aux USA où après de gros rapprochements stratégiques initiaux des cabinets ont été rachetés récemment « à la baisse ».


Hervé Baculard : Il n’y a pas de mouvements forts de concentration en France. [Si l’on excepte quelques petits cabinets repris par des groupes comme Bernard Julhiet par exemple] on n’observe pas de grands mariages depuis plusieurs années.


Et à l’international ?

Hervé Baculard : Pour les cabinets ayant une forte activité à l’international on observe par contre des rapprochements sous 3 formes : a) tentatives de rapprochements pour l’instant infructueuse et touchant les réseaux de conseil en stratégie, b) concentration de marques, KSA et Ineum devenant Kurt Salmon par exemple, et  c) créations d’alliances internationales. Par exemple Kea&Partners a initié en 2010 The Transformation Alliance qui regroupe 4 cabinets et 300 consultants en Europe.


L’internationalisation du conseil détermine-t-il des comportements particuliers dans le développement des cabinets ?

Hervé Baculard : Dans le cas d’une internationalisation on a en général 3 possibilités : 1) la constitution  d’un réseau en propre de bureau, 2) des alliances, européennes le plus souvent, 3) le recrutement de consultants multiculturels qui contribueront au développement international, notamment dans les pays émergents. Cette troisième option permet de chercher des points de croissance supplémentaires en accompagnant  des groupes internationaux.


C’est donc un mouvement d’internationalisation globale ?

Hervé Baculard : C’est un peu cela. Il faut être réactif car il n’y a pas que |les grandes capitales européennes],  il y l’Asie, il y a le Maghreb (le Maroc entre autre), le  Brésil, et tous les pays émergents… Tous les cabinets doivent y être présents parce que leurs clients y sont.


Dans ce paysage qui s’est donc très rapidement modifié, qu’elle est l’attitude de Syntec Conseil en Management ?

Hervé Baculard : Nous essayons d’être présents dans les forums internationaux avec des relations bilatérales comme avec l’AMCF pour les USA ou encore avec MCA pour le Royaume Uni ou enfin des colloques européens  tels que celui lancé par Syntec Conseil en Management dès la fin 2008.


Hervé Baculard, si l’on devait retenir quelques points d’appui pour l’avenir,  quels seraient-ils ?


Hervé Baculard : Ce qui est important c’est de réaffirmer pour la France le rôle de l’Innovation managériale et le lien avec la recherche académique en management. Par innovation il ne faut pas entendre seulement l’innovation technologique, mais le fait de trouver de nouvelles méthodes qui sont en soit des facteurs de compétitivité et les cabinets doivent être reconnus dans cette capacité à apporter de l’innovation méthodologique.
  Nous avons lancé un Prix académique qui rencontre un grand succès avec près de 100 publications qui nous sont soumises chaque année, avec un équilibre entre grandes écoles, universités. Aussi, je dirai que les 2 forces qui tiennent pour l’avenir  du conseil en management sont : l’international et l’innovation.


Tout dernier point, à un an des élections présidentielles, le conseil semble être plus présent dans le secteur public français. Une nouveauté en quelque sorte ?

Hervé Baculard : En 5 ans la part du public a augmenté de 40% (on est passé d’une part de  9 % du marché du conseil à 13%),  ce qui nous place enfin dans la moyenne européenne. C’est une reconnaissance pour notre profession d’être perçu au niveau de l’Etat comme facteur de compétitivité. A charge à nous de continuer à  faire changer les choses et à développer notre cheval de bataille, l’innovation managériale.
 

Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef
ConsultingNewsLine


Image :
Courtoisie KEA Partners / Syntec / Agence Wellcom

Whoswoo :
Hervé Baculard

Précédente interview :
Interview Hervé Baculard Juillet 2010

Pour info :
www.syntec-management.com/
http://www.webjtdumanagement.com
http://www.kea-partners.com/



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