Spécial Présidentielle 2017

ConsultingNewsLine
Le pOint
15 mars 2017  
Interview: 
Philippe Bilger

Magistrat honoraire,
Président de l’Institut de la Parole
Fondateur du blog  «Justice au singulier»

Philippe Bilger est un personnage bien connu des prétoires comme des plateaux de télévision ou de radio. Magistrat honoraire, il a consacré sa vie à la justice, comme Juge d’instruction d’abord puis comme Avocat général. Il est aujourd’hui le Président de l’Institut de la parole,  un organisme dédié à aider tous ceux qui ont besoin de s’exprimer, et le Fondateur en 2005, du blog « Justice au singulier ». Ecrivain reconnu, il a en particulier écrit le très utile « Que sais-je? sur  le « droit de la presse » et surtout publié en 2014 « Contre la Justice laxiste », un ouvrage où il exprime sa désapprobation envers le garde des Sceaux Christiane Taubira. Son dernier livre sorti en janvier 2017, « La parole, rien qu’elle » aux éditions du Cerf, devrait être bien accueilli chez les consultants. En pleine présidentielle, enflammée par la vraie-fausse affaire Fillon, ou «Penelopegate» en gallois, il répond à nos questions qui se sont faites exceptionnellement longues, Philippe Bilger y répondant a contrario avec la concision et la précision d’un homme d’expérience et d’équité…

François Fillon était au Trocadéro le 5 mars 2017 pour rassembler sa base populaire un peu secouée après les attaques médiatico-judiciaires lancées contre lui dans le cadre de la campagne présidentielle. Un rassemblement plutôt réussi.  A cette occasion une contestation s’est élevée dans la foule envers une justice qui serait instrumentalisée depuis l'Elysée (sur TF1 notamment au 20H). Quels commentaires cette évaluation populaire, sur ce qui apparaîtrait être comme une possible dérive politico-judiciaire sans précédent sous la Ve République, appelle-t-elle de votre part, vous qui êtes un de nos plus grands spécialistes de la magistrature et un critique bien connu ?

Philippe Bilger : Je ne suis plus magistrat depuis 2011. L’ignorance de la classe politique par rapport au judiciaire est abyssale. Elle craint la justice mais en même temps ne cherche pas à la connaître et à lui donner la place qu’elle mérite dans l’espace démocratique. François Fillon a d’abord eu des réactions outrancières et maladroites au sujet de la procédure engagée contre lui puis, lors de son discours remarquable du Trocadéro, il a heureusement changé de ton et adopté une attitude plus conforme au rôle présidentiel qu’il souhaite assumer. Je ne crois pas que la justice soit instrumentalisée, mais il est évident que l’ordre judiciaire saisi de présomptions liées à l’ordre politique ne peut qu’avoir une influence sur ce dernier, sans malignité politique. Le point de vue contraire est majoritaire mais je persiste. Le quinquennat a donné lieu à la fois à une calamité ministérielle avec Christiane Taubira et à une justice plus libre et plus indépendante dans le traitement des affaires « sensibles ».


Alors justement, vous avez publié en 2014 un ouvrage, "Contre la Justice laxiste", que nous n'avions pas manqué de mettre dans notre sélection de Noël 2015, où l'ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira, était quelque peu étrillée... Un président de la République peut-il aujourd'hui influencer depuis l'Elysée une campagne présidentielle en la judiciarisant et en instrumentalisant le parquet, car force est de constater que les attaques ne sont que contre François Fillon et Marine Le Pen, principaux opposants d'une gauche à la ramasse après un quinquennat au bilan plus que contestable, et que le Juge d’instruction Eliane Houlette, Procureur financier saisi de l’affaire Fillon, serait proche de Christine Taubira?

Philippe Bilger : J’ai en effet écrit un livre contre Christiane Taubira qui a été durant quatre ans un garde des Sceaux déplorable en dépit de la haute opinion qu’elle a eue de son action à la fois orientée et squelettique. Et du soutien cynique que lui a prodigué François Hollande contre le sentiment national majoritaire. Reste que les procédures contre François Fillon et contre Marine Le Pen ne me paraissent pas avoir été inspirées par une partialité politique qui serait venue troubler la sérénité judiciaire. Je sais bien que ce point de vue n’est pas dominant. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy nous avons eu un dévoiement de l’état de droit, notamment dans les rapports du pouvoir politique avec certains magistrats, mais cela n’a pas été le cas avec François Hollande, imparfait certes mais moins que Nicolas Sarkozy dans le domaine de la Justice.


Admettons que la saisine ou l’inspiration puissent ne pas avoir été prises en haut  lieu. Le tissu judiciaire est peut-être devenu suffisamment  inflammable pour qu’une  officine lui ait communiqué l’étincelle malveillante. Y a-t-il encore une justice en France après « l'indépendantiste Taubira » et le "mur des cons" ? A-t-on d’une certaine manière dépassé certaines normes professionnelles qui font qu’aujourd’hui tout le système judiciaire a perdu de sa nécessaire neutralité, voire de sa bienveillance naturelle envers les justiciables et qu’il suffit d’apporter un dossier sensible pour qu’il se mette en route ?

Philippe Bilger : Vous avez raison d’évoquer d’un côté la catastrophe Taubira et de l’autre le scandale du Mur des cons imputable à l’extrême gauche judiciaire représentée par quelques énergumènes du Syndicat de la Magistrature qui ont perdu toute légitimité dans cette entreprise gravissime de partialité et d’opprobre. Mais heureusement toute la magistrature n’a pas été noyée dans ce naufrage et il faut résister au catastrophisme et au défaitisme. En comprenant le citoyen mécontent en certaines circonstances du fonctionnement de la justice et attendant en général plus d’elle, mais aussi en rappelant qu’elle n’est pas faite que des crises sur lesquelles les médias focalisent, mais de pratiques souvent correctes, équitables et efficaces, menées au fil des jours dans tous les secteurs du droit. Au sujet de la justice, rien de pire que les procès sommaires, rien de plus dangereux que l’absolution systématique.


D'un point de vue plus technique, on reste très étonné que les reproches qui sont faits à François Fillon et son épouse concernent des activités légales et déclarées en France (partagées par 20% du parlement, ou entrant dans le cadre de chroniques journalistiques pour la presse française, ou encore pour des activités de conseil là encore légales et déclarées, nous y reviendrons juste après) alors que la mode qui sied à la globalisation pousse plutôt les politiques à travailler pour des sociétés étrangères, des cabinets internationaux, et ce pour des rémunérations dont la fiscalité et les comptes de versement ont parfois un aspect paradisiaque,  il n’est que de citer l’affaire Cahuzac qui visait pourtant un hôte de Bercy… François Fillon a-t-il été trop confiant en travaillant en France et en déclarant ses émoluments au fisc français ?

Philippe Bilger : Je ne voudrais pas m’engager sur un terrain glissant, trop partisan, au sujet de problèmes que vous connaissez mieux que moi. Il me semble toutefois pertinent de souligner la distinction à opérer entre le légal et le licite d’une part et le décent. d’autre part. François Fillon a gagné largement la primaire grâce à la radicalité de son projet mais aussi à la réputation d’intégrité qui a été la sienne et aux exigences qu’il a formulées pour la morale publique. Des comportements permis peuvent choquer. Des actions autorisées ou tolérées durant longtemps peuvent, dans un autre contexte, surprendre, voire indigner.


Il est reproché à François Fillon l'emploi de membres de sa famille et la justice demande des preuves du travail effectif (la question vaut aussi sur ce dernier point pour Marine Le Pen). Ceci appelle à une double interrogation : dans un monde politique fait de reniements et de trahisons, si un futur statut de l'élu devait être défini, serait-il tout de même souhaitable de pouvoir maintenir parmi les collaborateurs d'un politicien des personnes de son entourage familial ? Simplement parce qu'en dernier ressort, en dernier recours, c'est souvent les seuls en lesquels on puisse placer sa confiance, voire que l'on doive remercier d'un travail déjà accompli ? Et que pourrait alors demander la justice en termes de documents à fournir pour attester d'un travail réellement accompli alors qu'il est clair que le travail effectué pour un politicien par sa garde rapprochée (les consultants sont bien placés pour le savoir), notamment s'il est candidat à une élection, et les preuves qui en attestent, peuvent relever d'un compréhensible "secret politique", au même titre qu'il existe un "secret défense"...  On voit mal en effet les juges éplucher les agendas, les comptes rendus de réunions et notes de synthèse politiques etc. (ce qui fut le cas pour Nicolas Sarkozy) dès lors que l'on est « en campagne », et surtout maintenant qu’il existe un doute en ce qui concerne la séparation des pouvoirs….

Philippe Bilger : Vous avez sans doute raison mais je crains fort que selon la tradition française trop connue, après avoir laissé faire les emplois familiaux, on fasse revenir le balancier vers leur interdiction pure et simple. Au cas où on parviendrait à faire preuve de mesure et de nuance, les aléas que vous décrivez pour l’administration de la preuve et en raison de l’obligation du secret en politique seraient en effet à craindre. Mais la France veut le Tout ou Rien : elle a peur du juste milieu !
 

Parmi les attaques contre François Fillon on note en particulier celles contre son activité conseil (2F Conseil) qui est non seulement légale, mais concerne une société de droit français, travaillant principalement pour des clients français et produisant des déclarations fiscales faites en France. Les reproches sont pourtant abondamment relayés par les médias, alors même que ces activités sont le lot de tous les politiques (ConsultingNewsLine peut en attester et la liste des cabinets dirigés par des politiques en étonnerait plus d'un). Ne risque-t-on pas dès lors, et à ce petit jeu-là, dans une France inculte au niveau économique et ne comprenant même pas la notion de prix de marché ou de valeur liée à la notoriété, de générer une guerre de classe contre les professionnels en général et les professions libérales en particulier : experts-comptables, avocats, consultants, notaires, architectes, sociétés de services...? Les milieux professionnels n'y résisteraient pas... Il ne s’en sont pas encore plaint mais la colère gronde et elle pourrait se faire d’autant plus forte contre les médias que les faits évoqués sont dénoncés par ces médias-même qui font un abondant usage de subventions publiques (1,4 milliard par an selon la Cour des comptes, soit entre 1 et 1,5 million d’euros d’argent public par quotidien et cinq fois plus pour les télévisions et les radios et ce dans un petit monde où les journalistes, grands dénonciateurs devant l’éternel, oublient tous de rappeler à leurs chers lecteurs qu’en France ils ne paient pas l’impôt), manne gigantesque qui pour partie est circulée par des cabinets en communication et des agences publicitaires…. Alors même qu’une « filière communication » prend son essor en France sous l’impulsion du Ministère de la Culture et de la Communication et du Secrétariat d’Etat à l’Industrie au Numérique et à l’Innovation, la gauche des médias scie la branche sur laquelle elle est assise ! Halte au feu ?

Philippe Bilger : Votre interrogation est fondamentale et se trouve au cœur du débat démocratique. Je l’évoquais plus haut. Il y a un certain nombre d’activités, de vecteurs d’influence et de sources de profit, au demeurant parfaitement légitimes, qui vont de plus en plus dans une démocratie éprise d’insupportable pureté, dangereusement puritaine, être discutés, contestés, voire condamnés. Le profit, pour peu qu’il soit substantiel, dans un monde d’envie sociale et de jalousie du pouvoir, va probablement susciter ressentiment, réprobation éthique et démagogie politique. Va-t-on couper tout ce qui dépasse ou laisser cours à la liberté et au développement honorable et efficace de multiples sociétés et entreprises créant de la richesse nationale ou poussant leur expansion dans le monde ? Je continue à croire que la seconde branche de l’alternative va l’emporter.


Le début des attaques contre François Fillon ne semble pas être les révélations du Canard enchaîné de janv-fév mais apparaît être plus en amont dans les médias (cf. en annexe*), dès lors que le candidat Fillon s’est révélé être en passe de devenir le vainqueur de la primaire de la droite, sur un programme basé essentiellement sur la  transparence et l’honnêteté. Et ces attaques sont le fait de médias de la tendance « libéro-trotskiste » (L'Obs, Libération, HuffPost… RadioFrance) et concernent le fait qu'il soit, François Fillon, chrétien et qu'il ait indiqué en tirer ses valeurs et son honnêteté. D'où notre question : Ne sommes-nous pas là dans un complot médiatique aux accents, voire aux « relents » de "Guerres de Religion" éminemment condamnables devant les tribunaux et dont le candidat devrait saisir la justice le plus tôt possible?

Philippe Bilger : Vous avez totalement raison. François Fillon, déjà comme Premier ministre, était la cible du Canard enchaîné. Une certaine société et la majorité des médias supportaient les catholiques et les familles chrétiennes quand ils se cachaient sous la table démocratique, étaient en quelque sorte invisibles et tendaient l’autre joue. Cette abstention, cet effacement ayant pris fin, il est clair que l’affirmation vigoureuse par un François Fillon de sa foi, de son impact politique et de sa volonté de coaliser le vote catholique a été insupportable et qu’on a tenté de le pourfendre à proportion du succès que son attitude courageuse avait auprès des Français. On en a eu assez de cette anomalie où tous avaient le droit de célébrer leur religion ou de moquer la religion ! Les catholiques se sont rebellés et c’est bien.


Au-delà de cet aspect religieux qui montre combien le pays sous la gauche est devenu intolérant, il y a plus grave que cela avec la fin quasi-despotique de l’ère Hollande. Le maintien de l’état d'urgence a rendu possible à l'Etat français de mettre sous table d'écoute "sans commission rogatoire" qui que ce soit, et le pouvoir a bien pu abuser de cette situation pour monter des plans contre l'opposition. En tant que journalistes il nous est apparu que nous étions pour beaucoup espionnés et quelques jolis "sous-marins jaunes" lâchés volontairement par nos soins au téléphone ou sur nos mails sont remontés à la surface très vite, démontrant la réalité d’une « bienveillance » dont on se serait bien passée... Aurait-on dû abroger, assouplir, amender l'état d'urgence pour permettre à la campagne présidentielle de se dérouler en toute légalité et en toute quiétude démocratique (rappelons que le Président peut à tout moment utiliser l’article 16 de la Constitution pour annuler les élections)?

Philippe Bilger : Je ne doute pas de ce que vous affirmez, mais je répugne à tomber dans un complotisme de mauvais aloi. L’état d’urgence, avec le terrorisme, a été nécessaire même s’il a épuisé apparemment ses effets. Je note qu’il a permis d’étouffer dans l’œuf certains desseins terroristes et que paradoxalement il a eu une incidence positive sur la délinquance et la criminalité ordinaires qu’il a contribué, un temps et sur un certain plan, à réduire. Il n’a pas empêché cependant la tenue de manifestations genre « Nuit debout», défiant le bon sens et les règles de la sécurité publique.


On se souvient du "coup d'Etat permanent" que Mitterrand opposait au Général de Gaulle, Ne nous trouvons-nous pas dans une situation où médias de gauche (85%) et Etat confondus déploieraient ensemble un "coup tordu permanent" qui risque de nous conduire tout droit vers la guerre civile? N'aurait-il pas été préférable, comme cela avait déjà été évoqué avant les premières attaques terroristes de 2015, que la droite demande, à tout le moins symboliquement, la possible destitution du Président de la République et son remplacement par le Président du Sénat dès les premières attaques contre un candidat au lieu de s'en prendre à son propre camp?

Philippe Bilger : Je récuse absolument ce point de vue et je pense au contraire qu’il faut sortir du langage guerrier et comprendre que la démocratie, quelle que soit l’impatience civique, est d’attendre les échéances et de voter selon ses désirs. Il est évidemment permis de juger très médiocre le quinquennat de François Hollande mais ce serait innommable que de prétendre le faire partir par un coup de force. Il est d’ailleurs parti de lui-même et la gauche probablement ne sera pas au second tour de l’élection présidentielle. Les défaites et départs se feront d’eux-mêmes.


Au final, et alors même que les manifestations d’incivilité ne sont peut-être plus très loin, tellement le rejet de l'Europe est grand chez les citoyens (euro et espace Schengen notamment), tellement le rejet du système libéral est grand chez les employés (le capital est moins taxé que les salaires), tellement le rejet de la globalisation est grand chez les cadres (chacun a le sentiment que les décisions ne sont plus prises en local et que chacun a un concurrent qui travaille au bout du monde), tellement le rejet de la classe politique- qui a raté beaucoup d’occasions - est grand (le numérique tue aujourd’hui les cadres comme la globalisation a tué hier les ouvriers pendant que des classes entière de nouveaux apparatchik « hors sol » vivent sur le déficit que ce soit à Bruxelles ou ailleurs)... N'aurait-il pas été mieux pour éviter le recours aux extrêmes (Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon faisant à eux deux entre 25 et 35 % du total des votants potentiels – ce qui se comprend si l’on considère qu’ils sont les derniers remparts du monde ouvrier lâché par la démission des syndicats, peu représentatifs et plus intéressés par leurs subventions que par le dialogue social), de voir surgir, de voir naître de manière construite, une véritable « union au centre » entre l'expérience d'un François Fillon, qui ferait un excellent Président, et la capacité de traitement des dossiers d'un jeune Emmanuel Macron, qui ferait un fougueux Premier Ministre - sans aller pour autant vers des pitreries opportunistes de dernière minute comme le ralliement tardif d’un Bayrou ou d’un Madelin vers « En marche ! », alors qu’ils sont tous deux « à l’arrêt » depuis bien longtemps ? Si la gauche des Fabius, Taubira, Vallaud-Belkacem... a cumulé erreurs et confiné parfois à la trahison, il reste quand même des ministres de gauche qui n'ont pas démérité et qui trouvent des partisans à droite : Le Foll, Le Drian, Sirugue, Sapin... Alors, doit-on aller vers une union au centre des meilleurs si les choses devaient se gâter avant le premier tour pour faire un pied de nez au PS "canal historique" et à un LR décidément bien peu fidèle à son champion? L’avenir d’une France en paix dans une Europe en sécurité pourrait-elle être à ce prix ?

Philippe Bilger : Je vous trouve bien pessimiste et sans nuance. Vous dressez un tableau apocalyptique du présent. En revanche, quand vous exprimez le désir d’un vaste centre, allant de la gauche raisonnable jusqu’à une droite honorable, vous pensez juste à mon sens mais c’est utopique. Les Français ont toujours rêvé d’une sorte d’union nationale, mais politiquement elle ne se fera pas. On y songe mais, sauf circonstances exceptionnelles et tragiques, elle demeurera une aspiration. On en a eu seulement des ersatz avec les périodes de cohabitation !


Alors il existe peut-être un point qui va lier les deux candidats bien malgré eux, même si une certaine dissymétrie subsiste encore et qui est le suivant : alors que le site Europe-Israël, peut-être irrité par les déclarations d'Emmanuel Macron  sur la colonisation en Algérie, a publié un article accompagné de la demande d'information auprès de la HATVP (Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique) faite officiellement par des présidents d’associations françaises (cf. annexe)  qui indiquent avoir découvert un possible oubli de 3 millions d'euros dans la déclaration du candidat Macron, on a vu le Canard enchaîné (pourtant vraisemblablement à l'origine même de cette divulgation dès juin 2016) répliquer par la soudaine découverte d'un possible oubli de 50 000 euros pour François Fillon auprès de la même HATVP – cette dernière abondamment reprise depuis lors par les médias et uniquement celle-là ... Au-delà de la réalité des faits et de la présomption d’innocence des personnalités concernées, cette incroyable accumulation d’éléments judiciaires à répétition dans la presse ne révèle-t-elle pas le fait qu’au bout du compte nous assisterions peut-être à de très élaborées manipulations internationales (du type Soros en Grèce et en Ukraine) auxquelles les médias libéro-trotskistes français et américains prêteraient bien intentionnellement leurs relais, alors même que la finance internationale, agacée, a peut-être, sans que la presse ne s’en rende bien compte, déjà lâché "et" le candidat Fillon "et" le candidat Macron, qui tous deux sans démériter pour autant dans leur pugnaces campagnes, ont  peut-être déjà atteint le stade que n'aiment pas les Lobbys financiers, à savoir celui de ne plus être manipulable du fait de leurs convictions trop affichées, comme de la nécessité qui devient la leur de devoir se défendre d’éléments financiers, éventuellement devant la justice?   

Philippe Bilger : François Fillon fait l'objet d'une suspicion systématique, médiatique et judiciaire. Il faut espérer qu'elle ne lui est pas réservée et que les autres candidats, notamment Emmanuel Macron, ne bénéficient pas d'un "deux poids deux mesures".


Tout dernier point Philippe Bilger, et c’est un peu le calendrier judiciaire qui nous y oblige, ce mardi 14 mars 2017 François Fillon, convoqué par la juge Houlette, a été mis en examen comme on pouvait le craindre... Quels commentaires cette décision appelle-t-elle de votre part?

Philippe Bilger : Cette décision n’appelle aucune réaction particulière car elle est la conséquence de l’ouverture de l’information judiciaire et avait déjà été intégrée par François Fillon qui, à ce que j’en sais, a refusé de s’expliquer face aux juges, mais a fait une déclaration publique mettant en évidence le caractère politique, selon lui, de cette offensive judiciaire. Le sort de la procédure dépendra évidemment de l’élection ou non de François Fillon comme président de la République et éventuellement, en cas d’échec, de son statut ou non de député.  Je continue à penser qu’on ne peut soutenir que la justice fait l’élection présidentielle. Elle ne s’est pas saisie elle-même de l’affaire Fillon et il aurait été inimaginable qu’elle se mette en retrait au cours de cette période précisément capitale pour la démocratie alors que son éclairage est plus que jamais nécessaire.

Propos recueillis par Bertrand Villeret
rédacteur en chef, ConsultingNewsLine


Image :
Courtoisie Philippe Bilger

Whoswoo :
Philippe Bilger

Pour info :
Institut de la Parole
Justice au Singulier





Annexe :



- Corinne Lepage dans le HuffPost français en ligne d'Anne Sinclair, maniant l’ironie par anti-phrase 
   indiquait en substance que « s'il n'était  pas intégriste (F.Fillon)... ces milieux-là se mélangent
» ...
   http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/risque-francois-fillon-president-de-la-republique-2017/

Dans la même veine :
 
- Laurent Joffrin dans Libération, qualifiant F. Fillon  de "Tariq Ramadan des sacristies"

   http://www.liberation.fr/france/2016/11/21/sacristie_1530009

Plus récemment :

-  Raphaël Glucksmann dans l'OBS (version papier n° 2727 du 9-13 Fév P8), mentionne dans sa page
   de chronique intitullée pour l'occasion "Saint François victime du populisme" :
« La chute du  très
    regretté saint François de la Sarthe doit nous pousser à poursuivre la "démonarchisation" de notre
    Etat et le nettoyage des écuries d'Augias
» mettant qui plus est en exergue le fait que : « ce n'est
    pas la dénonciation de pratiques népotiques qui menace la démocratie, ce sont ces
    pratiques elles-mêmes »,
oubliant certainement en chroniqueur de l’OBS  qu'il n'est lui-même,
    Glucksmann, que le fils de son père…


Par ailleurs

-   le HuffPost s’est même fendu d’une suggestion de  « renvoi en correctionnelle » sans mise en
    examen….
La justice sans la justice ! Il s'agit là d'une dénonciation calomnieuse et non conforme
    au droit.français :

    http://www.huffingtonpost.fr/2017/02/12/francois-fillon-renoncera-t-il-sil-est-renvoye-...

Note juridique (selon les services du Procureur de la République d’Alençon):

La diffamation est la résultante de toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé. Elle est aggravée lorsqu’elle est publique qui plus est dans le cas FILLON elle peut être considérée comme étant discriminatoire, puisqu’elle porte atteinte à l’intégrité de sa foi. (art. R621-1 à R 621-2 du code pénal et 29 loi du 29 juillet 1881), ce qui constitue une circonstance aggravante depuis 1972. Le délai de prescription est de trois mois pour le plaignant mais dans le cas FILLON elle peut être portée à un an, puisqu’il s’agit d’une diffamation publique. Une diffamation contre un élu local, un parlementaire, un policier, un gendarme ou un magistrat en raison de ses fonctions est punissable d'une amende de 45 000 € et d’un an de prison. Pour ce faire, il faut déposer une plainte avec constitution de partie civile directement devant le juge d’instruction, pour qu’il y ait un acte de poursuite.


Concernant le candidat Emmanuel Macron et sa déclaration auprès de la HATVP (Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Parlementaire) :

Europe-Israël
http://www.europe-israel.org/2017/02/et-si-on-parlait-un-peu-de-laffaire-macron-une-affaire-de-3-010-99...

A partir de l'article du site Europe-Israël est téléchartgeable la demande faite auprès de la HATVP par 3 personnalités (
Paul Mumbach, Jean-Philippe Allenbach, Serge Grass) représentatant des associations dont "L'association des Maires en Colère" et l'Union Civique des Contribuables Citoyens  où il est indiqué l'observation d'une possible anomalie de 3 millions d’euros dans la déclaration du candidat Emmanuel Macron, demande  en date du 14 Février 2017

L'ensemble des démarches entreprises par
Paul Mumbach, Jean-Philippe Allenbach et Serge Grass et les pièces associées sont disponibles sur le site :
http://u3c.free.fr/actions/encours/macron/macron_sommaire.php



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