La Chronique d'Yves Perez              
Janv-fev 2006

Clémenceau, Mittal, Gaz de France, Enel et plus si affinité ...
Janvier semblait presque calme, février aura rectifié promptement cette impression. Un mois où l’on aura vu défiler comme dans un kaléidoscope les images de nos erreurs, de nos errements pour ne pas dire de nos errances, comme les velléités d’un possible redressement ...


Clémenceau :
Le porte-avions erre comme frappé du sceau de l’infamie : Il faut dire qu’il contient de l’amiante. Or, tous les bâtiments de guerre en contiennent peu ou prou, comme d’ailleurs aussi les blindages des chars d’assaut. Bel exemple d’hypocrisie internationale.    L’Egypte en a profité pour prélever sa dîme lors du passage du canal de Suez et la Cour suprême indienne a refusé au bâtiment français son  désamiantage sur un chantier naval local.. Par ailleurs, si  la France a signé une convention internationale qui lui interdit désormais de couler ses navires de guerre  elle n’a guère songé à la meilleure manière de s’en débarrasser. Pendant ce temps, américains et britanniques continuent de couler leurs vieux bateaux en haute mer pendant que les russes préfèrent les laisser rouiller du côté de Mourmansk.  Le souci de la bien – pensance à court terme l’a à nouveau emporté sur la prise en compte des solutions possibles et de leurs coûts à long terme.


Mittal :
L’offensive du sidérurgiste Indien contre Arcelor en a surpris plus d’un. Il faudra pourtant s’y faire : le monopoly industriel ne se jouera plus seulement entre Occidentaux. Les Asiatiques entendent bien y jouer les premiers rôles. L’affaire Mittal a donc valeur d’avertissement. Cependant nous vivons dans un tel état de pessimisme qu’avant même que la bataille ait lieu certains commentateurs ont décrété qu’elle était perdue d’avance. Or, si l’on prend le temps d’y regarder de plus près, l’affaire Mittal est paradoxale. Voici un groupe qui est détenu par une famille indienne qui possède à elle seule 88% du capital, domicilié aux Pays Bas et coté à la Bourse de Londres, donc juridiquement Européen. Ce groupe présente des résultats économiques et financiers inférieurs à ceux d’Arcelor. De surcroît, il est spécialisé dans les aciers de bas et de moyenne gammes tandis qu’Arcelor a choisi les aciers de haut de gamme. Sa comptabilité échappe au regard des marchés puisque seule une petite partie du capital est cotée en bourse. Cependant, il remporte la faveur des marchés financiers pour la simple et bonne raison que l’OPA hostile sur Arcelor qu’il lance fait remonter le cours des actions des sociétés sidérurgiques. Dans toute cette affaire l’Union Européenne fait preuve d’une stricte neutralité comme l’a rappelé la Commissaire à la Concurrence Nelly Kroes : « que le meilleur gagne ». Après un moment de surprise initiale, le gouvernement français a emboîté le pas à celui du Luxembourg, pays où est défini juridiquement le groupe européen Arcelor, lequel était resté très ferme sur ce dossier. Ce que craint le grand Duché de Luxembourg c’est qu’une fusion Mittal / Arcelor n’entraîne un déplacement du siège social de cette entreprise. Cependant, la réaction luxembourgeoise est intéressante. Quel problème y aurait-il pour un ou des gouvernements à soutenir par les moyens légaux à leur disposition un champion européen prometteur contre une OPA hostile ? D’ailleurs, l’OCDE ne vient-elle pas de sortir une très intéressante étude qui montre que contrairement à une idée reçue, les pays qui protègent le mieux le capital de leurs entreprises sont … les Etats-Unis et le Royaume-Uni !


Gaz-de-France - Suez
Anticipant une OPA de l’Italien Enel sur Suez, le gouvernement de Dominique de Villepin a annoncé par surprise la fusion de Gaz de France avec le groupe Suez. Coup double : d’une part, il crée un nouveau champion national (à défaut dans l’immédiat d’un champion européen) et, d’autre part, il renforce la dimension privée de ce nouveau groupe. C’est l’alliance du gaz et de l’électricité avec un Etat qui conserve une minorité de blocage grâce à  1/3 du capital (Golden Share). Les italiens sont furieux et les Belges inquiets. L’Union Européenne n’a rien dit, les règles de la concurrence ayant été, au moins sur la forme, scrupuleusement respectées. Mais, dans cette affaire Paris a voulu envoyer un signal fort à ses partenaires européens tout en renforçant son dispositif de lutte contre les OPA hostiles. Restera maintenant le plus difficile à faire : recoller les morceaux et faire renaître la confiance de nos partenaires. Enel n’a pas renoncé à déclencher une OPA hostile contre Suez et fourbit ses armes… La bataille continue.

Yves Perez
Directeur de l’IDCE
Institut pour le Développement du Conseil en Entreprise



Pour Info:
http://www.idce.com

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