Cabinet
Juin-juillet  2005  
Special Le Mans
Interview:
Pierre Bruneau, Pilote et consultant
Directeur du cabinet Orphée
La Pilbeam de l'écurie Pi-R Racing, dont la robe rouge arborait les couleurs de la célèbre chaîne de restauration du groupe FLO, illustrait parfaitement le lien très présent au Mans entre compétition et Business. Pierre Bruneau, fondateur du Pi-R Racing et Directeur d'Orphée, un cabinet conseil spécialisé dans le Diagnostic de la Qualité de Service, nous parle de sa passion pour la course
Pilbeam
La Pilbeam n° 20 était l'une des rares voitures du plateau à réellement appliquer le  réglement qui sera en vigueur en 2006. Normal, le "patron" de l'écurie, Pierre Bruneau  dirige un cabinet conseil en... Qualité, dont il ne fait pas mystère.


Pierre Bruneau, vous êtes Directeur d’un cabinet conseil spécialisé dans l’évaluation de la  Qualité de Service, et un passionné de sport automobile. C’est ainsi que vous êtes à la fois Directeur du cabinet Orphée et « Patron » de Pi-R Compétition. Peut-on passer en revue ces deux structures et parler de cette passion pour la compétition  qui vous anime?

Pierre Bruneau : Orphée a été créée en SARL en 1983, il y a donc maintenant 23 ans. Cette structure s’est spécialisée dans l’évaluation de la Qualité de Service avec une spécialité que nous avons développé : le Client Mystère. Nous sommes 20 permanents et faisons appel à 2000 enquêteurs. Nous sommes l’un des leaders du Client Mystère en France avec deux activités principales : la « visite mystère » et « l’appel téléphonique mystère ». D’autre part nous offrons divers outils d’évaluation de la Qualité, de mesure de la Qualité d’accueil et de satisfaction de la clientèle. Nos clients sont essentiellement de grandes entreprises avec un  réseau.


Et votre passion pour la course?

Pierre Bruneau : Cette passion est probablement née lors de ma première venue au Mans en 1972, victoire Matra comme chacun le sait. Là, j’étais spectateur... Dans le milieu des années 90 j’ai fait de la Formule Renault avec à la clef un titre de Champion de France B. Je me suis ensuite rapproché des 24 Heures du Mans avec une petite équipe exploitant un châssis WR, mais en 1997 nous avons « loupé » les préliminaires. Mon objectif dés lors a été d’être pilote dans cette course en « m’offrant » un volant. L’occasion s’est présentée en 1998 sur une voiture française, le prototype Debora de Didier Bonnet. Donc ma première « entrée » fut les essais du Mans 1998. Un grand moment. On abandonnera dans la nuit en raison d’une casse de boîte. Cela dit j’avais vécu le rêve que je m’était fixé, c’était fait. Didier Bonnet m’a demandé par la suite de venir dans le championnat ISRS au Mans (Sport Proto). Et l’on a gagné !


Une entrée donc dans la "cour des grands" d’emblée. A ce moment là l’auto ne vous appartenait pas encore?

Pierre Bruneau : J’ai racheté le Proto Debora début 1999 (d’où le numéro 99 que nous avions jusqu’à l’an dernier) et j’ai fondé Pi-R Compétition avec un ami, le Docteur Gros avec lequel j’avais collaboré à l’époque du projet avec la WR. Nous avons engagé la Debora dans le championnat FIA-SRS (devenu ensuite SRWC puis FIA SCWC).



Et depuis lors Pi-R a régulièrement engagé un prototype dans les courses des divers championnats

Pierre Bruneau : 1999 a été l’année de nos premières courses en championnat international en tant qu’écurie. Une année très réussie pour la Debora. Pour la première course à Barcelone on a gagné. Cette année là nous avons été Leader du Championnat jusqu’aux 5 dernières minutes à Johannesburg, lorsqu’ Arturio Merzario qui était en bagarre avec le leader a perdu une roue. Nous finissons 2ème du Championnat. Ensuite en 2000 et 2001 nous avons fait 6ème. En l’an 2000 nous avons été invités aux préliminaires des 24 Heures du Mans. Mais notre dossier n’a pas été retenu à l’issue de ce test... Nous avons décidé de ne soumettre un dossier par la suite que s’il était solide. Donc pas de 24 Heures en 2001 année ou nous avons fait les 1000 Km du Nürburring en finissant 3ème derrière les ROC, reines de la catégorie LMP 675 de l’époque.


Et là changement de technologies, notamment de châssis

Pierre Bruneau : Nous avons acheté un châssis Pilbeam MP 84 en 2002 et fait le championnat mais sans inscrire la voiture au Mans cette année là. En 2002 on avait donc deux prototypes : la Debora et la Pilbeam. (moteur BMW puis Nissan sur la Debora), Nissan puis JPX par la suite sur la Pilbeam L’ensemble de la préparation était, et est encore, réalisée par MALTI, la société de Bernard Tironneau dont les ateliers sont à Maurecourt (Yvelines) et qui exploite par ailleurs deux châssis Norma pour les courses de prototypes organisées par Eric Van de Vyver. La Debora sera laissée au garage fin 2002.


Et là commence une longue série de courses très réussies. Pourtant à l’époque vous n’étiez pas très connus en tant qu’écurie

Pierre Bruneau : On a eu des pilotes de grand talent. Marc Rostan était premier pilote. On a tourné avec des pilotes anglais, italiens, portugais... Et puis cette chance d’avoir Arturio Merzario avec nous. Tout le monde le connaissait en Endurance pour avoir chez Ferrari bagarré avec Matra dans les années 70. Un grand pilote de F1 et aussi un être humain d’exception. C’est lui qui avait sorti Niki Lauda des flammes.


Donc Pi-R Compétition commence à se faire un nom et engrange les résultats

Pierre Bruneau : Le nom n’est pas important, ce qui compte c’est de construire petit à petit pour atteindre nos objectifs. Nous effectuons notre cinquième championnat FIA en 2003 (FIA SportCar Championship). Cette année là on s’est concentré sur la Pilbeam, résultat : 2ème de la catégorie SR2. En 2004 l’ACO a développé le LMES (Le Mans European Series). 2004 sera donc notre premier LMES avec dépôt de dossier pour les 24 Heures du Mans. Pour le championnat FIA on était homologué en FIA SR2 et l’on utilisait un moteur Nissan préparé par IES. Pour le Mans et le championnat LMES on s’est inscrit en catégorie LMP 675 avec un châssis homologué pour un moteur JPX préparé chez Mecachrome. Toutefois, si nous étions bienvenus en LMES, notre dossier a été rejeté pour les 24 Heures du Mans.  On fera toutefois le championnat LMES avec le JPX qui donnera entière satisfaction.


Le Mans est "aussi" une bagarre de moteurs. Mais pourquoi le choix de cette technologie récente?

Pierre Bruneau : On a choisi le JPX de Mecachrome tout simplement parce qu’il avait déjà gagné sur une Courage aux 1000 km du Mans ! Et là, première course que l’on effectue il gagne avec nous ! Deuxième course Podium ! Troisième course on fait 4ème. Pour finir on arrive 2ème au championnat d’où une qualification automatique pour les 24 Heures du Mans 2005 ! Pour nous le JPX a été le bon choix.


2005 correspond à une évolution de la réglementation avec des handicaps pour ceux qui engagent des véhicules aux normes anciennes. Trouve-t-on là une raison de l’achat du dernier né des châssis Pilbeam.

Pierre Bruneau : Il nous fallait changer de voiture pour éviter les brides d’entrée d’air et le handicap de poids appliqué aux véhicules de l’ancien règlement. Si nous étions invités d’office il y avait par contre un risque de non qualification, surtout aux 24 Heures. Et face aux nouvelles Courages et aux redoutables Lola ce n’était pas jouable avec l’ancien châssis. On peut dire que l’ACO nous a recommandé de changer de châssis et je pense qu’ils avaient raison.  Nous avons fait le choix du nouveau châssis Pilbeam.


Moteur récent, châssis nouveau. Le couple n’était-il pas trop innovant?

Pierre Bruneau : L'obtention du Crash-test du nouveau châssis a été plus long que prévu et de fait la voiture n’était pas prête pour la première course. On a donc repris l’ancien châssis pour l’entrée de saison LMES à Spa, et dans des conditions épiques nous avons pu terminer 3ème ce qui est plutôt bien.  Le Mans était donc la première sortie de la toute nouvelle Pilbeam qui n’avait que très peu tournée, ainsi que la sortie de la nouvelle version du JPX présentant des performances supérieures. Il s’agit là d’un ensemble cohérent. Avec cette voiture on passe tous les critères.


Un bon début de course puis la panne avant que vous ne preniez le volant. Une certaine déception?

Pierre Bruneau : Un problème d’embrayage (modèle sûrement inadapté à de telles contraintes). C’est la course... Il n’y a rien à regretter. J’ai eu le plaisir de tourner aux essais, aussi, pas de frustration. Nous avons amené en 2005 une voiture compétitive sur la ligne de départ. Pour l’équipe un premier objectif était atteint : être présent aux 24 Heures du Mans avec une belle auto. Nous allons montrer que nous pouvons faire beaucoup mieux.


Donc une auto qui ne demande qu’à tourner. Parlez-nous de l’équipe qui la pilote.

Pierre Bruneau : On a un ensemble cohérent avec un châssis et un moteur efficaces. Et pour faire fonctionner cette voiture on a une équipe de pilotes solide. Pour le championnat l’équipe s’est renforcée par la présence de Jean Philippe Peugeot et de Philippe Hazebrouck pour Le Mans. 


La compétition a un coût élevé et vous êtes consultant. Quel lien y a-t-il entre Orphée et Pi-R Compétition du point de vue de la sponsorisation?

Pierre Bruneau : Certains de nos clients se sont associés à notre projet et ils se servent de notre "support" pour rencontrer d’autres clients, pour amener des partenaires, etc. Nous invitons nos clients sur les courses ou en essai, ce qui crée des relations personnalisées sur la durée. Bref, un outil de fidélisation fort Les entreprises ont besoin de s’identifier à un modèle tel que celui de la course en Endurance. En effet, l’esprit d’équipe, le souci du moindre détail, la motivation sont des valeurs que les entreprises ont besoin de retrouver en permanence. La course est pour ces entreprises un exemple à suivre.


Quels sont les types d’entreprise qui  sous tendent le projet de Pi-R Compétition?

Pierre Bruneau : On trouve des équipementiers, des petites structures et des grands clients pour lesquels la course est un support médiatique. C’est le cas du Groupe FLO qui possède les enseignes Hippopotamus et Bistro Romain. Vous avez pu voir que la voiture était aux couleurs d’Hippopotamus. Le groupe Nestlé aussi avec Davigel qui apparaît sur la carrosserie. Allomat qui loue des bungalow de chantier... Voilà chacun s’y retrouve.


Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef, ConsultingNewsLine


Pilbeam
Images: Couroisie Pierre Bruneau, Orphéee Diffusion Conseil , Suresnes



Pour info:
orphee.contact@orphee.fr
http://bruneau-rostan.monsite.wanadoo.fr/index.jhtml

Whoswoo
Pierre Bruneau



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Pierre Bruneau













Pilbeam
Avec le 9ème temps des LMP2  la Pilbeam n°20 était sur la grille de départ "devant" les WR




Pilbeam
Un sujet de satisfaction pour l'équipage constitué de
Pierre Bruneau,
Marc Rostan et
Philippe Haezebrouck



Pilbeam
Une Pilbeam n° 20 qui ne faisait pas "mystère" d"un de ses partenaires, le cabinet Orphée




Pilbeam       15 H 30 ... alea jacta est












































































































































































Crédit photo reporting:
B. Villeret
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