Introduction

On savait l’ambition d’Altran intacte et la société en cours de restructuration. Si les premiers effets sont bien là avec un retour du résultat dans le vert et un chiffre d’affaire stable, les investisseurs restent encore inquiets dans un marché atone où le troisième trimestre s’annonce déjà en léger repli

Avec un résultat net au 30 juin 2003 s’établissant à + 1,2 millions d’Euros, Altran Technologies retrouve le chemin des bénéfices. Un résultat remarquable pour le groupe français qui il y a encore peu perdait de l’argent et affichait - 109,3 millions de résultat au 31 décembre 2002. Avec un chiffre d’affaires au premier semestre 2003 de 688 millions d’Euros (soit sensiblement 1376 millions en équivalent annuel) le groupe stabilise son activité par rapport à 2002 où elle atteignait 1373 millions d’Euros, et ce dans un marché du conseil qui reste encore très frileux. L’activité à l’international qui contribue aujourd’hui pour moitié au CA d’Altran a de toutes évidences joué un relaie de croissance efficace. Point remarquable, sur les 688 Millions de CA, 497,2 millions correspondent aux charges salariales qui forment le premier poste de dépenses d’Altran dont l’effectif a été ramené à 17 000 personnes. Ainsi le CA moyen annuel per capita s’établirait pour le début 2003 à 0,0809 millions d’Euros soit encore 530 KF par personne, une valeur caractéristique de l’ingénierie. Ces résultats encourageants n’ont pourtant pas été salués par les marchés par une hausse de la valeur.

Altran ne rassure pas encore complètement les investisseurs
Bien au contraire l’action chutait dés l’ouverture vendredi dernier, abandonnant 12% et se stabilisait autour de 11 Euros en fin de séance. Cette rechute, toute relative, s’inscrit dans une tendance haussière du titre, qui a retrouvé une croissance ininterrompue depuis le printemps dernier et se trouve bien au dessus de son plus bas du mois de mars où il s’établissait à environ 3 Euros. Elle fait suite à une intense spéculation sur le titre dans les semaines précédant l’annonce qui ont vu l’action monter jusqu’à 12 Euros. Aussi, sans pour autant parler de tendance à la baisse, le marché montre qu’Altran ne rassure pas encore complètement les investisseurs : une marge d’exploitation inférieure aux attentes, un règlement de la dette toujours en suspends et il n’en fallait pas plus pour que le marché sanctionne. Ainsi le résultat brut d’exploitation pour le premier semestre 2003 avant participation des salariés s’établissait à 23,3 millions d’Euros, soit une marge de 3,4% en repli par rapport à 2003 où cette dernière atteignait 4,9%, et bien en dessous des prévisions des analystes qui l’estimaient entre 4,5 et 6%. Selon Altran Technologie cette baisse du résultat d’exploitation serait liée : « aux efforts mis en œuvre pour adapter la structure du groupe à son niveau d’activité et revenir à des niveaux de marge satisfaisants, conformément au plan annoncé lors de l’Assemblée Générale des actionnaires ». Bref, un retrait pour mieux avancer en quelque sorte. Aussi, le retour du résultat dans le vert doit-il être interprété comme ne s’étant pas fait sans quelque coût et notamment social : les effectifs ont été réduits de 734 personnes sur le premier semestre et une réduction supplémentaire de 400 personnes est attendue pour le troisièmes trimestre 2003, ce qui au passage n’augure pas d’une activité en forte hausse. Il est vrai que les principaux marchés d’Altran, l’automobile (19,8% du CA), les télécommunications (19,75%), l’aéronautique et l’espace (15,15%) et la banques/assurances (12,02%) ne sont pas au mieux de leur forme. D’où un troisième trimestre qui dés à présent s’annonce en léger repli et qu’Altran technologies estime déjà entre 310 et 320 millions d’Euro contre 344 millions d’Euros de CA en moyenne.

Altran mise sur quatre leviers et un plan de refinancement
Le groupe français rappelle à l’occasion de la publication de ses chiffres qu’il compte sur quatre leviers pour rétablir ses équilibres financiers : « la centralisation de la trésorerie qui a déjà atteint 55% et est en avance de phase sur son planning ; la mise en œuvre d’un plan d’affacturage qui pourrait dégager de 80 à 100 million d’Euros dés la fin 2003 avec un objectif de 150 millions pour 2004, grâce à la signature d’accords passés auprès d’établissements bancaires qui assureraient pour 162 millions d’Euros de lignes de financement ; la réduction des encours clients qui s’élèvent aujourd’hui à 87 jours d’activité soit 396,5 millions d’Euros, avec un objectif de réduction du compte client de 50 millions d’Euros pour fin 2004 ; et enfin le retour à des marges plus satisfaisantes, notamment par l’ajustement de l’organisation, qui réaliserait une économie de l’ordre de 40 millions d’Euros ». Parallèlement le groupe finaliserait son « plan de refinancement » lui permettant de faire face à l’échéance de remboursement de son obligation convertible (450 Millions d’Euros) au 1er janvier 2005. Aussi, malgré une légère augmentation de la dette du groupe à 511,8 millions en juin 2003 contre 435,5 en décembre 2002, ce dernier aurait déjà acquis auprès de BNP Paribas, la Société Général et le Crédit Agricole le maintient de ses lignes de crédit jusqu’au 31 Décembre 2003. Bref, de quoi rassurer sans pour autant convaincre un investisseur qui, on le comprend, restera très attentif à la structure du plan de refinancement comme à la publication des chiffres du troisième trimestre et des comptes annuels ; autant d’étapes à venir qui pourraient s’avérer délicates pour le leader européen du conseil en innovation. Mais une structure en meilleur alignement sur l’activité, un montage financier judicieux et une reprise américaine qui se confirme pourraient contribuer à de bonnes surprises pour les actionnaires d’Altran. Les analystes semblent aller dans ce sens puisque dés maintenant en recommandent le titre.

Nota : Les comptes d’Altran Technologies conformément à la nouvelle organisation mise en place ont été arrêtés, avant transmission à la COB, par le Conseil d’administration en présence du collège des Commissaires aux Comptes « après » avoir été revus par un tout nouveau « Comité d’Audit ». Créé le 17 juillet 2003 ce Comité est composé d’administrateurs indépendants nommés directement par l’Assemblée Générale des actionnaires. Il comprend Guylène Saucier, Jean Louis Andreu et Jacques Duchesne (cf nominations de ConsultingCity). Il est présidé par Madame Guylène Saucier, ancienne Présidente de l’Ordre des Comptables agréés canadiens, membre de l’IFAC et spécialiste des questions de gouvernance d’entreprise des sociétés cotées. Selon Altran Technologies les chiffres du troisième trimestre devraient être publiés au plus tard le 15 Novembre.