Yves de
Chaisemartin prend la direction d'Altran
Président
du Conseil de Surveillance depuis juin 2005, Yves de Chaisemartin prend
les rênes d'Altran Technologies en remplacement de Christophe
Aulnette. Une révolution de palais qui intervient alors
même que le groupe de conseil technologique français
achève une restructuration qui devrait le faire passer d'une
constellation de filiales autonomes à un groupe plus
monolithique divisé en 5 branches opérationnelles
Yves de
Chaisemartin, Président du Conseil de surveillance d’Altran
Technologies vient d’être nommé Président du
Directoire (President of the Management Board) d’Altran Technologies en
remplacement de Christophe Aulnette, ex patron de Microsoft France
nommé à la tête d’Altran en 2004. Eric Albrand,
Directeur financier (Chief Financial Officer) et
François-Xavier Floren Directeur opérationnel
(Chief Operating Officer) sont à cette occasion
confirmés dans leurs fonctions et Dominique de Calan est
élu à la présidence du Conseil de surveillance en
remplacement d’Yves de Chaisemartin.
Avec
l’arrivée d’Yves de Chaisemartin aux commandes, c’est un homme
de
presse et d’influence qui prend les rênes du Leader
européen du conseil en innovation. En effet Yves de
Chaisemartin, juriste de formation, a passé une grande partie de
sa carrière à la tête de la Socpresse, le groupe de
communication de Robert Hersant*, d’abord comme Directeur à
partir de 1986 puis comme Directeur général, comme
Président-directeur général et enfin comme
Président du directoire jusqu’en septembre 2004, période
au cours de laquelle il devait aussi servir en tant que
Président du directoire du Figaro, P-dg de France-Soir et
Directeur général de La Cinq. Yves de Chaisemartin a
d’autre part été Président du Syndicat de la
Presse Parisienne, a siégé au Conseil du Syndicat de la
Presse Régionale et servi comme Président du Conseil
Supérieur des Messageries de Presse. Après la prise de
contrôle du groupe de presse par Serge Dassault, Yves de
Chaismeartin a rejoint Altran Technologies.
Communication
et technologies forment les deux points d’appui des empires modernes,
ce que ne démentiraient ni le groupe Lagardère ni
même Vivendi, à la réussite moins éclatante
dans ce genre. En 2005 Yves de Chaisemartin rejoint donc Altran. Fort
de 16 000 collaborateurs le groupe du Boulevard Pereire,
récemment relocalisé à Levallois Perret dans
de magnifiques bâtiments qui font face à
PriceWaterhouseCoopers, est devenu depuis sa création en 1982 le
numéro un européen du conseil en innovation
technologique. Ce "Capgemini de la technologie" s’est
même permis de reprendre en 2003 Arthur D. Little, le plus
ancien
cabinet au monde, créé par le chimiste Arthur Dehan "Doo"
Little en 1886 et dont l’ancienneté ne
rivalise qu’avec celle du cabinet d’audit Deloitte (1845). Toutefois
Altran, qui pendant la crise économique de 1992 proposait aux
jeunes ingénieurs des postes de consultant là où
le marché ne leur offrait que le chômage, Altran donc n’a
jamais vraiment réussi à obtenir les faveurs du
microcosme du conseil ni de la presse française, laquelle
confond facilement le conseil et l’intérim, la technologie et
l’informatique. Aujourd’hui encore les manchettes sur Altran passent
régulièrement dans les rubriques informatiques des grands
journaux et la
société est systématiquement qualifiée
de SSII. Pourtant seulement 15% de son activité concerne les
systèmes d’information... Altran est en fait le seul groupe au
monde qui fasse du conseil en innovation sur une large échelle,
ce qui regroupe des spécialités qui vont du
nucléaire à l'astronautique en passant par la
biochimie... Mettre à la disposition des entreprises
industrielles des équipes - projet et un savoir-faire en
management de la R&D dans tous les compartiments de la science et
de l'ingénierie forme le coeur de compétence du
groupe français. Capitalisant sur les talents de ses consultants
Altran propose des services comparables à ceux de Bertin
Technologies, du Stanford Reasearch Institute, du Batelle
Institute,
tout en évitant l’écueil d’avoir à rentabiliser
des laboratoires. D’ailleurs lors de la capture d’ADL en 2003 Altran
avait
évité la reprise des laboratoires d'Akron Park aux USA,
même s'il avait repris Cambridge Consultants (Cambridge, Boston),
entitée appartenant initialement à ADL. Bref
pas d’ In-house mais de
l’externalisation de la R&D ... et ce,
plutôt chez le client, au travers d’équipes projets. Il
fallait y penser ! La participation à la victoire du Renault F1
Team en octobre 2005 en a été l’illustration la plus
probante, 15 consultants Altran ayant
officié à Viry Chatillon auprès des
ingénieurs de Reanult. Autre spécificité du
groupe,
cette fois-ci organisationnelle : une structure comprenant près
de 200 entreprises autonomes commercialisant sous leurs propres marques
des
spécialités pointues (Tmis pour le décisionnel,
ADL pour la stratégie, Prime pour le management etc..). Avantage
de cette structure historique : autonomie et responsabilité
totale des patrons d’entités. Inconvénient : une synergie
faible, voire parfois une certaine rivalité et une consolidation
des comptes qui n’était pas des plus faciles et qui a
certainement contribué aux anomalies comptables observées
en 2001 et pour lesquelles une instruction reste en cours. En tous cas
de quoi susciter l’ire d’une presse économique à
l’indignation aussi fluctuante que partisane. Aussi la présence
d’Yves de Chaisemartin, est perçue comme un avantage certain
pour le groupe dans ses liens avec le microcosme médiatique.
Côté Com’ quelques nouveautés sont apparues en 2005
comme la nomination d’un Directeur de la Communication, et le fait de
confier certaines opérations à Euro RSCG.
Côté organisation, le projet de regrouper l’ensemble des
filiales dans une grande structure commercialisant sous le nom d’Altran
Technologies. C’est en tous cas la mission qui semble avoir
été celle de Christophe Aulnette, voire celle qu'il s'est
lui même définie. Ainsi le groupe,
malgré le départ de son réformateur, devrait
bientôt passer d'une constellation de filiales autonomes à
une structure plus monolithique divisée en 5 branches
opérationnelles. Si rien n'est encore définitivement
fixé et si les termes désignant les diverses branches ne
sont pas encore consacrés, le groupe pour les années
à venir devrait se structurer comme suivant:
-
1 TELCO: Telecom, Mutltimedia, Electronics
-
2 AIT: Automotive,
Infrastructures, Transportation
-
3 ELF: Energy, Life Sciences
-
4 ASD: Aerospace & Defence
-
5 Offre Innovation, achats,
supply-chain
Cette
nouvelle structure, toutefois, ne devrait momentanément pas
toucher certaines entités récentes comme le cabinet
Prime, qui regroupe l'offre de Management méthodologique. De
même, et là pour des raisons plus culturelles, elle ne
devrait
pas affecter le cabinet Arthur D. Little, même si les
nominations de Michael Träm comme P-dg (Chief Executive Officer)
et
de François Valeraud Directeur Général (Chief
Operating Officer) montrent clairement qu’Altran compte bien assumer sa
présence au sein d’ADL. En effet Michael Tram, ancien
d’A.T. Kearney et plus récemment de Celerant Consulting, a
été nommé préalablement membre du
Comité de direction d’Altran et François Valeraud, ex
PriceWaterhouseCoopers et ex Microsoft était
précédemment Directeur du développement et de la
stratégie d’Altran. Si l’initiation de synergies entre ADL et
Altran reste assez théorique, on peut par contre compter sur la
volonté d’Altran de renforcer la marque ADL en France .
Aussi
le départ de Christophe Aulnette, officiellement pour
désaccord personnel, ne marque-t-il probablement que la fin de
la période de préparation de la consolidation du groupe,
travail pour lequel Yves de Chaisemartin rend aujourd’hui hommage
à son artisan dans un communiqué. La presse
économique en a profité pour évoquer des tensions
internes. On peut le croire lorsque l’on imagine les transferts de
responsabilité que la consolidation doit entraîner de
fait, de nombreux P-dg devenant à priori de "simples" Directeurs
d’activité, voire Directeurs de branche. Cependant certaines
nominations, comme certains départs récents, peuvent
avoir contribué à générer des tensions
envers un exécutif qui en paie aujourd'hui le prix. C’est en
tous cas l’impression qui transparaissait lors de la remise des Prix de
l'Innovation de
la fondation Altran en Juin dernier, au cours de laquelle les tensions
internes apparaissaient évidentes et les surprises nombreuses.
Ainsi, d’aucun constataient le départ de Pierre Dreux de la
Direction scientifique de la Fondation et le départ de
Claude Emmanuel Boisson, artisan du contrat avec le Renault F1 Team, de
la Direction scientifique du Groupe, pour ne citer que les plus
visibles. Départs de deux personnalités scientifiquement
et médiatiquement incontestées... Une des
priorités d’Yves de Chaisemartin sera donc
d’établir un climat apaisé dans une société
où le Turn Over reste
somme toute assez élevé.
Avec le
changement d’organisation qui se profile, certainement une des
évolutions majeures du groupe depuis sa création en 1982,
puisqu'elle en modifierait profondément le Business Model, Altran entame une
seconde époque. Une ère nouvelle aussi. En effet, la
perte de compétitivité de l’occident et le départ
précipité des usines vers l’Est et l’Asie font que dans
un avenir proche on parlera peut-être moins de l’organisation
interne d’Altran Technologies que de son chiffre d’affaire à
l’international, fort heureusement déjà de l’ordre de
50%. Des
études récentes montrent en effet que 30% de la R&D
occidentale pourrait être Offshorée sous 3 ans!.. L’Asie
compte bientôt plus de scientifiques que l’occident et La Chine
et l’Inde à elles seules produisent aujourd’hui plus de docteurs
en sciences par an qu’il n’y en a en France. Avec le départ de
Christophe Aulnette c’est aussi une certaine connaissance de l’Asie qui
va faire défaut au groupe.
Bertrand
Villeret
Rédacteur en chef
ConsultingNewsLine
Pour info:
http://altran.net/
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