Profession Consultant
Sept-Oct 2006  

Remise du Prix 2006 de la Fondation Altran pour l'Innovation
Interview: Christian Le Liepvre
Directeur opérationnel de la Fondation Altran pour l’Innovation
Comme désormais chaque mois de Juin, la Fondation Altran pour l’Innovation remettait son Prix à l’Unesco en présence de personnalités du monde de la recherche internationale et de nombreux consultants du Groupe Altran accompagnés de leurs clients. La remise du Prix 2006, 10ème du nom, était l’occasion idéale pour ConsultingNewsLine de faire le point sur l’évolution de ce Prix scientifique et technologique avec le Directeur opérationnel de la Fondation

Christian Le Liepvre vous êtes le Directeur opérationnel de la Fondation Altran pour l’Innovation et succédez ainsi à Pierre Dreux qui part créer son propre cabinet. Votre nomination représente-t-elle un apport exogène ou la promotion d’un spécialiste maison ?
 
Christian Le Liepvre : Je suis chez Altran depuis un certain temps. Je dirai un peu avant 1993. Aussi il s’agit d’une nomination interne.


On sait qu’en effet vous avez participé à la création de Prime, l’entité conseil en méthodologie et management de l’innovation du groupe Altran. Toutefois nos lecteurs ne vous connaissent pas encore, peut-on retracer votre carrière ?

Christian Le Liepvre : Je viens à l’origine de Matra, où j’ai développé le département Etudes et Industrialisation électronique situé à Compiègne. J’ai travaillé pour cette compagnie de 86 à 92. Je suis ensuite arrivé chez Altran pour y développer le conseil sous diverses formes. Tout d’abord sur les produits à haute valeur ajoutée, aujourd’hui présents dans l’offre de Prime, l’entité d’Altran spécialisée dans le Management de l’Innovation et le Design. Je me suis ensuite occupé de l’accompagnement des lauréats de la fondation avec depuis deux ans et demi le rôle de Directeur opérationnel,.


Altran remet donc cette année le Prix de L’innovation de sa fondation pour la 10ème fois. Le temps a passé très vite. Peut-on revenir sur les origines et les principes qui sous-tendent la remise de ce Prix ?

Christian Le Liepvre : La fondation a démarré en 1996 et le premier Prix a été remis en 1997. Donc 2006 représente en effet la remise du 10ème Prix de l’Innovation. Dix Prix représentant 10 thèmes différents ce qui marque la première spécificité du Prix à savoir un changement de thème chaque année. Nous sommes la seule fondation scientifique à faire cela. Deuxième spécificité , l’accompagnement des lauréats. On ne récompense pas quelqu’un qui en a fini avec son projet mais on accompagne la mise au point et le développement commercial du projet sur un terrain où le [récipiendaire] ne pourrait à lui seul assumer toutes les compétences. Là, on a toujours privilégié la rigueur à la facilité. On prend comme des risques pour nous même, tout en réduisant les risques pour le chercheur. Troisième spécificité enfin, le sérieux de la sélection et la qualité du jury. On a eu des membres vraiment « top » qui ont fait un énorme travail et ont été extrêmement intéressés par les candidats sélectionnés.


Comment se déroule la procédure de sélection ?

Christian Le Liepvre : Sur 80 à 160 dossiers suivant les années, 30 à 40 sont sélectionnés puis traités par 40 consultants. A partir de ces dossiers on le jury retient 6 finalistes. On audite alors les candidats pour vérifier l’adéquation de leur projet aux critères du prix, puis les 6 finalistes vont à « l’oral » devant le jury constitué de 15 - 20 personnes présidé cette année par Corinne Lepage, ancien ministre de l’environnement. A l’issu de cet oral est choisi le lauréat. Cette année Rudi van der Blom pour son projet de développement de capteurs solaires. Donc Altran n’intervient pas sur le choix des finalistes et du lauréat, sauf si des questions techniques sont posées par le jury, mais là nous n’offrons qu’un avis d’expert, le jury restant souverain dans ses choix. Par contre on propose au jury une liste de critères et l’on demande qu’elle soit reprise dans l’explication de leur choix : caractère innovant, crédibilité technique, crédibilité humaine, intérêt général... team building, équipe, entourage, maturité...Donc aussi les risques sur la personne. Enfin une crédibilité financière : les candidats seront-ils capables d’obtenir des financements ? Ont-ils une vision mature ?  La grand oral c’est 20 minutes d’audition et 20 minutes de questions-réponses. C’est un véritable exercice.


Cette année un grand Prix du Jury a été remis (capteurs solaires) mais aussi un Prix spécial du Jury (Piles à combustible gazeux). Deux prix au lieu d’un, le choix était si difficile ?

Christian Le Liepvre : Le jury a en effet choisi de remettre un Prix spécial en plus à un candidat qui a fait montre de maturité, de compréhension du marché avec un projet qui était au top au niveau technique.


Le Prix a été remis dans le grand auditorium de l’Unesco, applaudissements, hourras... Maintenant que les bruits se sont tus, que va-t-il arrivé au vainqueur ?

Christian Le Liepvre : La semaine prochaine on audite le projet gagnant pour fixer avec le lauréat les objectifs pour l’année. Pour aboutir il faut avoir des guidelines et un objectif concret. L’an dernier avec BCI (système de pilotageahe des PC par la pensée) il a fallu sortir le produit du labo et l’expérimenter chez un patient. Donc après avoir déterminé un objectif on décide d’un plan d’action avec les consultants qui vont accompagner le projet.


Qui finance cette présence de consultants autour du lauréat. On imagine que cela représente un engagement financier que l’entité d’où provient le consultant n’a pas forcément à assurer ?

Christian Le Liepvre : Le mécène c’est le groupe Altran. Ce n’est pas les consultants où leurs managers qui ont a assurer les coût mais le groupe qui finance du temps de travail et je suis en tant que directeur opérationnel de la fondation le client de ces consultants. Cependant, si techniquement c’est comme un projet client, dans l’esprit de la démarche, dans la « tête », c’est différent car on se met au service de l’intérêt général. D’où le choix des consultants qui doivent faire preuve de compétence, de disponibilité géographique, mais aussi de motivation, de vision et de partage des valeurs de l’entreprise. Quelqu’un qui intervient pour la fondation est donc représentant de ces valeurs et peut être amené à communiquer sur ce sujet.


Vous mentionnez ces consultants, « au pluriel », qui vont entourer le lauréat, mais combien sont-ils en moyenne et quel peut en être le coût pour le groupe ?

Christian Le Liepvre : On utilise une formule qui nous permet de déterminer un prix qui va jusqu’au million d’Euros, ce qui représente en moyenne entre 5 et 6 consultants mobilisés sur un an autour du lauréat. Mais attention, le critère c’est le besoin du candidat. On est un peu comme une voiture de course. Tant que le besoin est là, on appuie sur l’accélérateur mais dans les virages on peut lever le pieds. Donc en général on y va à fond. Exemple: aujourd’hui conférence de presse à Amsterdam, demain audit... cela dit si la pression devient trop forte pour le laureatlauréat, on lève le pieds.


La remise du Prix est comme votre présence en Formule 1 aux côtés de Renault un formidable outil de communication pour le groupe, sans grand équivalent chez vos concurrents. Comment levez-vous la contradiction qui existe entre la communication qui est à vocation commerciale et la fondation qui par définition doit être désintéressée ?

Christian Le Liepvre : La fondation est en effet un formidable outil de communication qui permet d’expliquer au grand public ce que l’on fait en terme de métier. Car consultant, c’est un métier de l’ombre. Mais cela n’empêche pas le fait que l’objet de la fondation n’est pas la communication externe. La fondation est une œuvre qui aide les chercheurs méritoires dans leur démarche au service de l’intérêt général.  Au delà de ce soutien désintéressé il y existe un retour en interne : la fondation nous permet de regrouper les valeurs de l’entreprise et permet aux diverses entités de s’impliquer au niveau du groupe. Il existe d’ailleurs un site spécifique.


Alors justement, comment s’effectue le choix des consultants qui entourent le lauréat et comment est gérée leur mise à disposition ?

Christian Le Liepvre : La règle est fondée en premier lieu sur le besoin du projet! Légalement, c’est le groupe qui est mécène, comme je l’ai précédemment rappelé. Néanmoins, si un consultant veut s’impliquer, il peut faire acte de candidature et ce d’autant plus simplement que pour le week-end de présélection on fait appel au volontariat pour trouver les 40 consultants qui vont examiner les dossiers. Cela permet de développer de la visibilité et du networking et puis ça motive de venir de temps en temps à Paris, Bruxelles, Milan...


Peut-on parler d’évolution de la Fondation après 10 ans, voire d’évolution "par" la fondation ?

Christian Le Liepvre : Certainement et principalement à travers le contact avec les lauréats. Au bout du compte il s’agit de projets similaires à  ceux que l’on traite chaque jour chez Renault, Peugeot et nos autres clients. Donc de même que l’on apprend au contact du client, on apprend aussi par les projets soutenus par la fondation. C’est pour les intervenants un opportunité d’exercer leur métier et de meattre leur compétences au service de l’intérêt général.


Evolution donc, cela nous amène tout naturellement à évoquer l’avenir. A-t-on déjà une idée de ce que seront les projets et la thématique qui sera proposée en 2007 ?

Christian Le Liepvre : pour le thème on peut déjà l’annoncer sous le titre de « l’homme réparé ». Christophe Aulnette en a évoqué les grandes lignes lors de la remise du Prix. Pour ce qui est des projets, des évolutions je les résumerai comme suivant : réengagement du groupe dans l’action de la fondation, donc nouveau départ  pour un bail de 3 ans. Rappelons que la Fondation Altran pour l’Innovation  a un statut juridique de fondation d’entreprise avec conseil d’administration et commissariat aux comptes et dont le fondateur financier est le groupe Altran. Les perspectives pour la fondation ont été décidées récemment en conseil d’administration et se résument donc à : relancer le principe, garder un prix annuel dont la thématique change chaque année, objectif de déploiement à l’international, c’est-à-dire aller chercher les candidats plus loin (on a déjà des candidats provenant de 14 pays) et ouvrir le champ des candidatures (certains pays ne sont représentés que par 2 ou 3 dossiers si l’on excepte la Hollande qui avait 12 dossiers cette année). A travers cette ouverture en volume il y a une indéniable recherche de la qualité. Donc pour demain on souhaite très clairement attirer les meilleurs comme ce fût le cas avec le BCI.

Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef, ConsultingNewsLine



Pour info :
http://www.altran.net

Whoswoo :
Christian Leliepvre

Images :
Courtoisie Altran Technologies
 




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