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>> Avril  2004     Le consultant du mois
Interview de Jean Claude Merlane, spécialiste des Ressources Humaines 

Au moment où le Coaching devient la chose dont tout le monde parle, Jean Claude Merlane, fondateur d'un cabinet régional spécialisé en Ressources Humaines et Management, lequel avec le temps s'est transformé en un groupe de réputation national se développant progressivement en réseau européen, nous expose son point de vue sur une pratique qui fait partie de sa panoplie d'intervention depuis 20 ans.


En 1985 Jean Claude Merlane crée à Toulouse un cabinet éponyme destiné à accompagner le développement de la compétitivité et de la croissance de ses clients par la performance de leurs Ressources Humaines. Il s’agit là d’une orientation ad initio. En 1998 le cabinet devient le Groupe Merlane et intègre une activité d’Outsourcing RH – Merlane Outsourcing –  et deux entités dédiées : Merlane International, basée à Madrid et Merlane Santé. Parmi ses clients on compte de nombreux grands groupes tels que Volkswagen France pour lequel le Groupe Merlane a mis récemment en place une équipe de conseillers RH dédiée aux réseaux de concessions. D’autres grands noms se retrouvent dans la clientèle : Shell, Aventis, Well, Alain Manoukian, Alcatel Space, Nextira One, Nissan, Renault, Pernod… et bien sûr, ville rose oblige: Airbus Inustrie !.. Autant d’exemples extraits d’un portefeuille de plus de 200 clients, avec plus de 500 entreprises conseillées en 18 ans. Aujourd’hui le Groupe Merlane compte 60 salariés pour un chiffre d’affaires de 4 millions d’€ et possède des bureaux à Toulouse, Paris, Lyon, Caen et Madrid. Dans l’aval des troisièmes "Assises du Coaching" organisées à Paris par le Cidem, où il a notamment présenté un cube de positionnement stratégique tridimentionnel du Coaching par rapport aux autres activités de conseil et à l’occasion du Congrès « GRH, Innovons » organisé à Grenoble par l’Ecole Supérieure des Affaires au cours duquel il est intervenu sur la thématique de l’externalisation des Services de la Fonction Ressources Humaines, Jean Claude Merlane a eu la courtoisie de répondre à nos questions. Interview:


Jean Claude Merlane, quelle définition le Président de cabinet conseil que vous êtes donnerait à la pratique du Coaching en entreprise?

Jean Claude Merlane : Le Coaching est un accompagnement individuel ou en groupe proposé afin d’aider les collaborateurs à développer leur potentiel dans leur intérêt propre et dans celui de l’entreprise. Se développer sois-même [ou le groupe] au service de la performance de l’entreprise.


La performance, serait-elle le but ultime ou ce qui peut au mieux être entendu par l’entreprise ?

Jean Claude Merlane : La performance constitue dans la plupart des cas le but de ces actions de Coaching, ce que certains Coaches n’ont pas encore voulu voir : les clients veulent pouvoir mesurer leurs résultats de l’action de Coaching. C’est exactement le même problème que pour la mesure de l’efficacité de la formation qui nécessite une vraie recherche conceptuelle concernant les principes et les méthodes afin de répondre de façon pertinente à cette attente.


Doit-on dès lors considérer le Coaching comme une pratique particulière de conseil ou de formation ?

Jean Claude Merlane :  C’est un vrai sujet de débat pour lequel les Coaches ont tendance à enfermer le Consulting dans le "conseil expert" qui apporterait seulement des solutions à un problème précis. Or, cela fait plus de 20 ans que le conseil a beaucoup évolué et s’est orienté vers l’accompagnement des changements, la coproduction de résultats, les démarches maïeutiques, etc... On peut donc considérer que Coaching, conseil ou formation procèdent de la même démarche qui est une démarche d’intervention. Il s’agit dans tous les cas de métiers d’aide avec une volonté d’accompagner une personne, un groupe, une entreprise ou une institution dans une démarche de changement. De la même manière, ces démarches sont soit très centrées sur la simple production d’informations, de données brutes, sans adaptation au besoin de l’entreprise, soit sur un continuum : des démarches co-produites en participation avec le client, voire même de l’Outsourcing, c’est à dire une délégation de fonction auprès du prestataire de services. Un autre axe explicatif de la différence entre Coaching, Consulting et formation est celui qui met l’action d’intervention soit du côté de l’expert, du consultant ; l’intervenant dirige, structure, organise alors l’intervention ; soit à l’opposé sur ce continuum avec une large marge de manœuvre qui est alors laissé au coaché ou au formé dans son autonomie et quant à sa façon d’évoluer.


Ce  Coaching apparaît nénmoins au grand que jour maintenant ou depuis peu. Y a-t-il une raison à cela ?

Jean Claude Merlane : Ce n’est pas si récent mais on peut considérer que le Coaching bénéficie d’un effet de mode aujourd’hui. On pratique le Coaching depuis 20 ans. Théoriquement l’entreprise s’est beaucoup centrée ces 15 dernières années sur l’amélioration de ses processus, l’organisation, les économies et la productivité, notamment en matière d’opérations et de production. Aujourd’hui, le temps est venu de s’intéresser aux services supports, notamment au Service Ressources Humaines. On reprend en effet conscience que les RH sont un facteur de différenciation : que l’on soit entreprise industrielle ou de services, un des facteurs clés de succès réside aujourd’hui dans la différenciation par le service. Ce sont surtout des comportements, des attitudes et des façons d’être des collaborateurs qui composent l’entreprise. La Ressource Humaine est donc devenue stratégique. De là à se préoccuper du bon développement de ses ressources et en particulier à utiliser des moyens comme le Coaching pour renforcer la performance des individus il n’y a qu’un pas. Comme on est toujours en attente d’une solution miracle, le Coaching aujourd’hui apparaît comme tel. Je pense que cette tendance se calmera et que le Coaching entrera dans l’ensemble de la panoplie des modes d’intervention en entreprise.


Cette approche orientée RH serait-elle donc « la » solution quand beaucoup de choses ont déjà été faites. Comment voyez vous la montée en puissance du Coaching dans les pratiques des cabinets conseil et dans celles des entreprises ?

Jean Claude Merlane :  Ca n’est pas LA solution, au même titre que d’autres démarches. On a connu la mode de la qualité, du management participatif, du business process reengineering, etc…, aujourd’hui on parle de Coaching. Le point important c’est que l’entreprise trouve sa dynamique dans les processus de changement réguliers qui font qu’elle s’intéresse à la ressource humaine. Le Coaching va devenir un élément à part entière du management. Il se développera en externe avec des prestataires de services mais aussi assez fortement en interne dans des structures qui peuvent garantir que les équipes de Coaches gardent leur indépendance par rapport à leurs clients internes.


Le Coaching en tant que secteur professionnel repose sur de très nombreux Free Lance et de nombreuses petites structures. Dans les colloques, alors que les consultants semblent tenir au caractère non réglementé de leur profession, on entend de plus en plus certains Coaches demander la mise en place d’un Ordre Professionnel. Votre point de vue ?

Jean Claude Merlane : La tendance d’une profession qui se développe sur un marché émergent, c’est de créer des barrières à l’entrée de ce marché. Aujourd’hui effectivement, il n’existe pas de réglementation pour s’installer Coach et n’importe qui peut demain visser sa plaque et démarrer son activité. Certains indiquent qu’il faudrait 10 ans minimum de psychanalyse ou de travail personnel pour être Coach, d’autres que les psychothérapeutes qui eux-mêmes ont fait ce travail ne connaissent rien à l’entreprise et ne devraient pas faire de Coaching... On assiste à beaucoup de querelles de chapelles dont souvent l’entreprise n’a que faire puisque, finalement, c’est elle qui choisit ses consultants et qui a le dernier mot. Toute forme de corporatisme autour d’un Ordre peut être dangereuse pour la profession. C’est plutôt par les syndicats professionnels que l’on peut mettre de l’ordre dans cette profession si elle en a besoin, ce qui ne sera peut-être pas le cas quand l’effet de mode se sera dissipé.


Par nature le Coaching serait une pratique régie par l’offre ou la demande?

Jean Claude Merlane : Effectivement, le Coaching est une prestation comme une autre et donc régie par la loi de l’offre et de la demande. Nous constatons aujourd’hui que, compte tenu des propositions pléthoriques des de toutes obédiences et de tous bords qui apparaissent sur le marché, ce marché pêche par excès d’offre. On commence à assister à une crise de l’offre. Très peu de professionnels ne font que du CoachesCoaching et ils sont donc obligés d’avoir une activité complémentaire. L’activité de conseil devient un métier de demande, de réponse à des besoins exprimés. Ce sont encore une fois des effets de balanciers que l’on retrouve assez fréquemment. Le Coaching se banalise qu’on le veuille ou non et devra retrouver l’humilité qui dans le Groupe Merlane est une valeur de base qui permet d'apprécier chaque forme d’intervention pour sa vraie valeur.


Propos recueillis par Bertrand Villeret





Pour Info :

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Photo Jean Claude Merlane