La Chronique de Pierrre Zimmer




Ete 2005

Le supplice des vacances

De nos jours, le vrai luxe est constitué de trois choses : le temps, l’espace et le soleil. Suffisamment, mais avec modération ....

Point trop n’en faut. Trop de temps engendre l’ennui. Trop d’espace suscite l’angoisse ; celle des grands espaces, justement. Et trop de soleil donne soif, à la longue. Le commun des mortels n’a pas l’opportunité de passer une vingtaine d’heures d’avion pour aller se baigner dans les eaux turquoise de l’île aux récifs au large de Bora Bora, un de ces atolls à lagon, dont l’unique population est plutôt animale, maritime et inoffensive.


Dans ces conditions, pourquoi aller en rassemblements grégaires sur des plages surpeuplées risquer de se faire marcher sur les pieds et sur sa serviette de bain, de supporter les braillements des bambins dénudés et errants, et de subir les démangeaisons des méduses après avoir évité les piqûres fatales des vives ? Pourquoi, je vous le demande ? Eh bien, tout simplement pour se détendre ou se reposer, changer d’air et renouveler ses idées.

Parmi vos relations, vous connaissez bien sûr des gens qui ne partent jamais en vacances. Les pauvres ! Ils n’en ont pas les moyens. Mais, il existe aussi une catégorie de personnes qui refuse ce temps de relaxation et de délassement par religion, idéologie ou… snobisme. Ils tiennent à peu près ce genre de discours : « Moi, je fais un métier passionnant, je passe ma vie en vacances, alors pourquoi voulez-vous que je sacrifie à ce rite imbécile et dégradant ? » Bertrand Russel, philosophe et mathématicien anglais, un des promoteurs de la logistique et prix Nobel, a raté sa vocation : « Si j’étais médecin, je prescrirais des vacances à tous les patients qui considèrent que leur travail est important. »

Evidemment, comme en toute chose, il y a du pour et du contre. Jacques Dutronc, ce dilettante professionnel à l’esprit caustique, à qui l’on demandait ce qu’il pensait du travail, répondit quelque chose du genre : « Ce doit être bien, à condition d’avoir du temps… ». William Shakespeare, ce bourreau de travail …s’il a existé, avait son avis sur la question bien avant le temps des grandes transhumances annuelles : « Si l’on passait l’année entière en vacances, s’amuser serait aussi épuisant que travailler. »

C’est bien de ne rien faire, à condition de ne pas en abuser. Robert Benchley, le pape américain du nonsense, raconte dans un petit texte intitulé Le supplice des week-ends comment les hôtes et les invités se retrouvent parfois obligés, à force de malentendus, de prendre leur petit déjeuner aux alentours de 15 heures. Les vacances nous obligent aussi à des compromis sinon des compromissions. Pour Robert Orben, être en vacances, c’est n’avoir rien à faire et avoir toute la journée pour le faire.

Quand elle accéda au pouvoir en 1981, la Gauche créa un ministère du Temps Libre, certainement en souvenir du Front Populaire qui accorda en 1936 les congés payés à tous les salariés. Il paraît que le titulaire de ce maroquin ne chômait pas. On peut regretter aujourd’hui la disparition de ce portefeuille alors qu’il y a tant de personnes qui ont du temps libre et qui ne savent pas comment l’occuper.


Pierre Zimmer,
Conseil en Communication et écrivain
zimmerpierre@orange.fr

Retour:  La Chronique de Pierre Zimmer


Copyright Pierre Zimmer 2004 - 2005
Pour ConsultingNewsLine
All rights reserved
Reproduction interdite
 

 


   


Pierre Zimmer









































  Convergeonline

       
  Planetecologie.org