La Chronique de Pierrre Zimmer





Automne 2006

Politique Vérité

«Faut-il préférer le bonheur à la vérité?» Souvenez-vous, c’était l’un des sujets de philosophie du baccalauréat général de cette année. Sommes-nous dans cette alternative? Bonheur ou vérité, vérité ou bonheur? Avons-nous vraiment le choix ?

«
Les Français savent bien que j’ai dit la vérité.» C’est en ces termes que Nicolas Sarkozy a tenté de justifier ses remontrances à l’égard de certains magistrats qui se montreraient laxistes envers les délinquants mineurs. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous en ce moment avec la vérité? Tout le monde n'a plus que ce mot à la bouche. A croire que nous vivons dans une civilisation du mensonge... Peut-être parce que nous sommes en période préélectorale et que les candidats pressentis, proclamés ou autoproclamés n'ont plus que cet article en magasin à vendre. Il n'est d'ailleurs pas certain qu'une société qui érigerait la transparence totale en vertu cardinale aurait découvert la panacée... On peut se demander légitimement si toute vérité est bonne à dire en politique. C’est le crédit qui importe, pas la sincérité à tous crins. Rassurez-vous bonnes gens, la franchise est d’ailleurs tellement peu l’alliée de nos hommes et femmes publics qu’ils n’en usent que très rarement. Sincérité, franchise et vérité est la sainte trinité qui en a fait trébucher plus d’un : Mendès-France, Jospin, Rocard, Juppé, Fillon, Ferry, etc. Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté, dit la chanson. Il faut être fou ou Anglais pour promettre du sang, de la sueur et des larmes et ne pas être destitué à la première crise ou au moindre coup de semonces. On était là, c’est vrai, dans des situations extrêmes.
Regardez, il y a quelque temps, le revers du premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany. Sauf le respect que l’on doit à tout premier ministre hongrois, voici un homme politique qui dit tout haut ce qu’il pense tout bas, même si c’est en comité restreint, devant le groupe parlementaire socialiste réuni au bord du lac Balaton : «
Nous avons merdé, pas un peu, beaucoup. Personne en Europe n’a fait de pareilles conneries sauf nous…Il est évident que nous avons menti tout au long des dix-huit derniers mois.» Résultat : Plusieurs nuits d’émeutes à Budapest pour réclamer la démission du chef du gouvernement. Mais, il est toujours en place, me semble-t-il. En voilà un qui, comme le corbeau de la fable, jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. Ne pourrait-on pas invoquer tout simplement le concept de mensonge antalgique transitoire? « Bien sûr, je n’ai pas dit la vérité vraie mais c’était pour le bien de mon peuple, pour soulager ses douleurs» se dédouanera le politicien matois.

Dans les entreprises, la transparence n’existe pas. Et c’est très bien ainsi. Mais, un peu de sincérité dans les rapports humains ne nuirait pas à la gestion des ressources humaines. En politique, rien de tels que le mensonge, la dissimulation, la fourberie et la ruse si l’on a, un tant soit peu, l’intention de durer. Pas vu, pas pris. Le mensonge d’Etat n’est plus un secret comme le secret d’Etat n’est, le plus souvent, qu’un mensonge par omission. Chacun dans son registre, Mao, Castro, Mitterrand et Chirac sont nos maîtres.




Pierre Zimmer,
Conseil en Communication et écrivain

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