La Chronique de Pierrre Zimmer


Automne  2008

Du bon usage de la crise 
Alain Touraine nous le dit sans ambages dans son livre « La société invisible » paru au éditions du Seuil il y a déjà plus de dix ans : « Le changement du monde n’est pas seulement création, progrès, il est d’abord et toujours décomposition, crise. » Bien vu, monsieur le sociologue, observateur infatigable de nos sociétés malades....

La crise, du grec Crisis, qui signifie décision, est un événement de rupture douloureux couplé avec un élément humain fort. En général, la crise est accompagnée d’une peur extrême, d’un réflexe de fuite, d’une montée de stress due au sentiment d’être pris au piège. La peur, fugitive et éphémère, est salutaire car elle déclenche des mécanismes d’évitement et permet de réagir ; mais si elle est durable et incontrôlée, elle ne provoque que sidération et tétanisation.

Quand un événement soudain et brutal survient, c’est une crise ; les catastrophes ne sont pas que naturelles : par exemple, une entreprise qui travaille depuis des années avec une grande surface se fait déréférencer du jour au lendemain de la totalité de ses produits pour des raisons de qualité ou de difficulté d’approvisionnement. Que faire devant ce genre de cataclysmes, cette inversion de la vapeur si l’entreprise n’a pas prévu de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ? Il s’agit de savoir piloter dans l’urgence. Improviser dans l’instant. Maîtriser sa machine dans la rafale de turbulences.

Dans l’un de ses livres sur la morale, le philosophe espagnol, écrivain et professeur d’université Fernando Savater  montre qu’il ne faut pas se laisser broyer par certaines personnes ; celles qui se complaisent à vous compliquer la vie. Il raconte cette anecdote : Un instructeur d’aviation teste son élève : vous êtes en train de piloter et un orage survient. Que faites-vous ? J’allume un réacteur, dit l’élève. Oui, mais un autre orage arrive, que faites-vous alors ? J’allume un deuxième réacteur. Très bien, mais un nouvel orage redouble d’intensité, que faites-vous ? J’allume un autre réacteur. Mais, où trouvez-vous tous ces réacteurs, demande l’instructeur agacé. Au même endroit que celui où vous trouvez vos orages, répond l’élève insolent. C’est une manière de gérer la crise.

Une crise, c’est une maladie qu’on n’a pas voulu traiter. Elle peut avoir un effet bénéfique. Elle peut être une sorte d’électrochoc dans un état léthargique. En japonais, l’idéogramme de crise représente en même temps le bouleversement et l’opportunité. En fait, la crise n’est rien ou peu de choses. Elle fait partie intégrante de nos existences, et aussi de la vie d’une entreprise. L’important, c’est bien comment on sort de la crise. Quels enseignements on en tire ? En sort-on indemne ou meurtri ? Plein d’énergie pour affronter l’avenir ou abattu et incapable de se relever ?

Les orages se terrent au fond des nuages noirs mais les réacteurs n’attendent qu’à être sollicités. La gestion de la crise devrait se faire dans la sérénité à condition bien sûr de l’avoir anticipée. Cette rupture particulièrement violente actionne des clignotants qui se mettent au rouge. Elle se combine avec le facteur vitesse. Si l’urgence déclenche la panique, attention danger ! Ce sont les pressions de l’actionnaire, de la Bourse ou du marché, des concurrents, de la réglementation qui vont conditionner la manière dont le dirigeant va gérer la crise ou l’enchaînement des ruptures.

Dans le cas d’une fusion ou d’une acquisition, il ne faudra pas tergiverser. Par rapport à l’actionnaire, il est indispensable d’aller vite. Mais, en même temps, il est nécessaire de ménager le personnel de l’entreprise et de lui laisser le temps de digérer les annonces concernant la gestion de la crise. Le temps n’est pas le même pour tous. Si l’entreprise se remet en mouvement après ces événements traumatisants, c’est qu’elle a bien géré la crise. Après un travail de deuil plus ou moins long, la vie de l’entreprise doit continuer. Une mauvaise gestion de la crise entraîne grèves, démissions en chaîne ou démotivation totale du personnel.  L’heure du ressaisissement a sonné. Il est grand temps de dire, comme on le fait avec un enfant turbulent : « Arrête ta crise, tu nous fatigues !»

Pierre Zimmer
Conseil en Communication


Derniers ouvrages parus :

Et l'intolérance, bordel !
aux  Editions du Palio en 2008
Surtout, ne changez rien 
aux Editions d’Organisation en 2006

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