Profession Consultant
Décembre 2005  

Spécial 45ème Salon Nautique de Paris
Interview: Jean Luc Van Den Heede

Lorsqu’il ne parcourt pas les mers sous les couleurs de Celerant Consulting, Jean Luc Van Den Heede fait des conférences en véritable consultant. En 2003 nous l’avions interviewé par satellite alors qu’il ramenait son bateau endommagé. Depuis il a réussi son «Tour du Monde à l’envers», battu le record de vitesse autour des Iles Britanniques et mis à l’eau un nouveau voilier prévu pour un usage plus convivial. A l’invitation de Celerant Consulting le Salon nautique de Paris 2005 était l’occasion idéale pour faire le point avec VDH


Jean Luc Van Den Heede, après Adrien et les nombreux records que vous avez battus avec lui, voici donc venu le temps d’Adrien II. Un bateau très similaire à celui sur lequel nous nous trouvons aujourd’hui au Salon nautique

Jean Luc Van Den Heede : Eh bien oui. Adrien II est un monocoque en polyester qui ressemble à un voilier "normal". C’est un Jeanneau Sun Odyssée 52.2, donc de 52 pieds de long soit encore environ 15 mètres et conçu pour la croisière.  Il s’agit d’un modèle de série fabriqué aux Herbiers en Vendée et qui a déjà été tiré à des centaines d’exemplaires. Le notre porte le numéro VD 221-7.  Adrien était totalement différent puisqu’il s’agissait d’un monocoque de course en Aluminium Pechiney de 26 mètres conçu par l’architecte Gilles Vaton et construit par les Chantiers Gamelin à La Rochelle. Adrien II est donc différent. Là, il s’agit d’emporter des passagers.


Pourquoi une coque en métal sur Adrien et du polyester sur Adrien II ?

Jean Luc Van Den Heede : Les objectifs étaient différents. Adrien était un voilier de compétition. Là, en général le carbone est roi, mais c’est très cher. Or plus un bateau est long plus on va vite. Il est rapidement apparu qu’un 26 mètres en aluminium coûterait le même prix qu’un 15 mètres en carbone, tout en étant plus rapide, d’où le choix avec l'architecte Gilles Vaton et le chantier Gamelin d’un monocoque très long en Alu. Et le choix de 26 mètres, un record, c’est parce qu’il représente la limite pour une exploitation "seul à bord". Dans le cas d’Adrien II la vitesse n’est plus uniquement recherchée mais les qualités de maneuvrabilité et d’emport de passagers, d’où le choix d’un modèle de série en polyester dans le Haut de gamme du Leader de ce type de voiliers, Jeanneau.


Que va devenir Adrien "I" ?

Jean Luc Van Den Heede : Eh bien c’est Maud Fontenoy qui le rachète. Après sa traversée de l’Atlantique à la rame elle revient vers ses premières amours puisqu’elle avait commencé par la voile. PPDA est le parrain du bateau.


Adrien c’est un nom que vous maintenez sur le nouveau voilier. Quel en est l’origine?

Jean Luc Van Den Heede : Oh, il s’agit tout simplement du nom d’une entreprise de Nantes qui fait des produits de la mer et qui participe au financement du bateau. La société Adrien m’a soutenu depuis plus de 15 ans et Madame Adrien est la marraine de mes bateaux.


Donc un bateau qui va à nouveau se mettre au service des entreprises

Jean Luc Van Den Heede : il y aura, et il y a déjà deux types de passagers : les particuliers et les entreprises. Les gens me loue pour faire une semaine de croisière, voire plus. Des régates aussi. Tout cela est expliqué sur notre site www.vdh.fr . On était sur Adrien avec Celerant Consulting et ça va continuer sur Adrien II. Je pense qu’ils feront sortir des entreprises parmi leurs clients. On l’a déjà fait l’an dernier avec Areva.


L’an dernier... c’est vrai qu’Adrien II a déjà un an. Racontez nous un peu l’historique de ce nouveau croiseur.

Jean Luc Van Den Heede : On  a mis Adrien II à l’eau pour Noël 2004 à Port Bourgenay. Au printemps 2005 on a fait le Spi Ouest France et la course de l’Edhec où l’on a terminé 9ème. On n’a pas été assez réguliers. On a gagné la Route des Hortensia qui relie Concarneau aux Açores et qui est appelée ainsi en raison des fleurs dont l’Ile est couverte.  A noter que fin 2004 juste avant le départ du Vendée Globe on a battu le record sur le trajet Cowes - Dinard  avec Adrien. Il s’agit du parcours de la première course historique qui ait eu lieu entre la Grande Bretagne et la France en 1906 et qui aura bientôt un siècle. A partir de Juin j’ai repris Adrien pour son dernier record de vitesse autour des Iles Britanniques.


Et là, ce record nous l’avons relayé sur Consultingnewsline, mais depuis lors nous n’avions pas eu le temps d’en parler. Dites nous tout.

Jean Luc Van Den Heede : L’idée c’était de faire un record de durée intermédiaire entre Cowe-Dinard qui était très rapide et le tour du monde à l’envers qui est ce que l’on peut faire de plus lent (122 jours). En fait on a battu le record en 12 heures ce qui reste assez long. Puis nous nous sommes attaqués au tour des Iles Britanniques. On peut faire ce tour dans les deux sens. Trois jours avant de partir j’ai failli changer de sens. On l’a fait "Clockwise" donc avec les îles à droite. Là, on est monté très haut vers le 60ème Nord donc c’était froid et ça tapait. Des conditions forcément difficiles, mais c’est aussi pour cela que j’avais choisi ce record.


C’était déjà le principe qui avait prévalu pour le choix du «Tour du Monde à l’envers» : avoir volontairement des conditions difficiles. Peut-on revenir sur ce "Très" grand record, que les lecteurs de ConsultingNewsline n’ont pas vraiment pu suivre, notre site étant en cours de développement à l’époque. J’en reste donc à notre échange par satellite lors de la précédente tentative en 2003.

Jean Luc Van Den Heede : Eh bien en effet, il a fallu s’y reprendre à 4 fois pour y arriver. Le coup de fil par satellite à 4000 Miles des Sables, c’était au troisième essai. A la 4ème tentative on a enfin «bouclé». Donc récapitulatif : la première fois c’était avec un ancien bateau du Vendée Globe dont la coque s’est délaminée après avoir heurté quelque chose. La deuxième fois, ADRIEN mon nouveau bateau était neuf mais la quille mal fixée. La troisième fois il y a eu ce démâtage au sud de l’Australie qui a entraîné un arrêt à Hobart. Pour ces deux cas là, le bateau n’a pas fait le tour du pôle sud et à chaque fois je me suis débrouillé seul pour le ramener.... et la quatrième fois l’arrivée après 122 jours en mer.


Pourquoi un tour "à l’envers", et quel Challenge cela représente-t-il?

Jean Luc Van Den Heede : J’avais déjà 4 Tours du Monde "à l’endroit" : 2 dans le Vendée Globe et 2 dans le B.O.C. Challenge. Donc çà ne m’intéressait plus. Quand on a un esprit sportif on veut toujours faire plus, donc... dans l’autre sens. C’est un véritable Challenge! Nous ne sommes que 4 à l’avoir fait. Aujourd’hui il y a plus de monde à être monté sur l’Everest qu’à avoir fait le tour à l’envers. A l’envers c’est très difficile, à côté le Vendée Globe paraît presque amusant. A l’envers vous avez le vent de face, il ne vous pousse pas, ça cogne et c’est long. Pour donner un comparatif un monocoque fait le tour à l’endroit en moins de 90 jours. C’est Bruno PEYRON qui a le record du tour à l’endroit. Avec un multicoque en équipage le record est inférieur à 60 jours... J’ai le record à l’envers en monocoque et seul à bord en 122 jours, soit le double, ça donne une idée de la difficulté ! Les 3 autres à l’avoir fait à l’envers sont CHAY BLYTH en 1970 sur un monocoque en acier en 220 jours, Mike Golding en 1992, là aussi sur une coque en acier en 161 jours puis le dernier,  Philippe Monnet sur un monocoque en plastique de 18 mètre en 151 jours. Il paraît que  quelqu’un souhaite le faire en trimaran, ce devrait être difficile sur ce type de voilier, difficilement manoeuvrant dans ces conditions.


Ce record en 2004 ainsi que celui acquis autour des Iles Britanniques en 2005 ont enthousiasmés vos admirateurs de même que les clients de Celerant Consulting qui pouvaient vous suivre sur votre site internet et qui restaient en liaison avec vous par satellite.

Jean Luc Van Den Heede : En effet chaque semaine nous avions une liaison radio. Sur Internet il suffisait d’être sur la mailing list de www.vdh.fr. Nous avions aussi 70 000 connexions par mois sur notre site internet pendant que je courais. Mon Mail journalier a été repris chaque jour dans les rubriques d’autres sites, dont celui de la Marine nationale. Ceci dit, je suis un petit joueur car le site du Vendée Globe Challenge c’est 700 000 connections par mois !


Et alors vous faites quoi en 2006 ? Les Iles Faroe, une Transat avec passagers?

Jean Luc Van Den Heede : Faroe, peut-être je m’y arrêterai. Mon objectif 2006 : le Spi Ouest France, la course de l’Edhec, l’Obelix Trophée avec des passagers et des entreprises. Objectif pour mi-juin, partir en Islande pour un mois et demi de croisière, retour à la fin août, avec jamais plus de 4 personnes et embarquement par ordre d’inscription. Là, il s’agit de particuliers, pour les entreprises c’est un peu différent. Ainsi il y aura des croisières à la journée ou en 2 jours pour les entreprises à partir des Sables d’Olonnes. Pour l’Islande la croisière durera entre 1 semaine et 3 semaines avec arrêt à Reykjavick, l’aller ou le retour des passagers se faisant par avion. Pour le convoyage il y aura trois semaines de mer donc on demandera à chacun de démontrer une certaine accoutumance.


Et tout ce petit monde devrait bien s’entendre?

Jean Luc Van Den Heede : Vous pensez aux incompatibilités ? Non, c’est moi qui mène le truc. C’est le Skipper qui met l’ambiance, c’est comme dans une entreprise.
 

Bon.. et alors en 2008, vous verra-t-on dans le Vendée Globe?

Jean Luc Van Den Heede : Non, 4 tours du monde dans le bon sens dont 2 Vendée Globe et 1 tour à l’envers avec record après 3 tentatives infructueuses  ça me suffit. Donc maintenant je vais m’occuper de faire partager ma passion à travers les conférences et la navigation avec des passagers, dont quelques régates.


Pour un objectif qui sera?

Jean Luc Van Den Heede :  Transmettre le bonheur aux autres. J’ai toujours eu un optimisme important et naturel. Il existe des gens qui pensent que ça ne va pas marcher: ceux qui pensent aller à l’échec vont droit à l’échec. Là, je peux leur transmettre mon expérience. Mais attention, ceux qui pensent aller à la réussite n’y vont pas forcément. Il faut un peu de ténacité...


Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef, ConsultingNewsLine


Pour info :
www.vdh.fr
vdh@vdh.fr

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