Carnets de voyage
Juillet-août 2006
La mouche sans raison

La CTRL...
Par Dominique Rocher



Deux ou trois mois après mon arrivée, en février 1996, on m'avait déjà confié le suivi d'une équipe de tournage venue réaliser un film sur l'entreprise: la CTRL s'apprêtait à entrer en bourse sur le second marché et les images étaient destinées à être projetées, sur écran géant, devant un pareterre de tois cents investisseurs venus du monde entier. Je n'avais pas le droit à l'erreur.

  Un long séjour au service du marketing m'avait rapidement convaincue que toute la communication devait tourner autour de nos stars maison: "Joyzik" et "Evha One", créatures sorties de l'imagination de David et de Pascal, les inséparables du départemant "Recherche et Développement". Si le premier, très convivial, faisait l'unanimité, il n'en était pas de même pour le second: les programmeurs de son équipe me l'avaient, en aparté, décrit comme un redoutable caractériel dont je ferais bien de me méfier.

  - on l'appelle "Le Pen Duick", m'avait glissé Eric, le sarcastique bras droit de David au visage osseux, toujours très pâle.
  Comme je n'avais pas compris le jeu de mots, il me l'avait patiemment expliqué:
- Ben oui, quoi... A part l'informatique, Pascal n'a qu'une seule passion: la voile. Et avec ses vannes racistes à la con... Tu piges?

Les jeux, conçus par les deux compères, s'opposaient autant que leurs caractères.
  "Joyzik", le bébé de David était un adorable petit personnage affublé d'un gros nez et d'une mèche rebelle: quelque chose entre Mickey et Sonic. D'un caractère jovial, il évoluait, flanqué de la fée Ludivine, dans des mondes imaginaires joliments coloriés où les obstacles n'étaient jamais sérieux. Sa mission: délivrer des sortes de petits lutins farceurs aux mains d'un puissant sorcier et d'une bande de gobelins plus farfelus qu'inquiétants. J'adorais!

"Evha One" relevait d'un tout autre registre. L'action se déroulait dans un monde futuriste ravagé par une catastrophe écologique. Les décors, hyperréalistes étaient d'une noirceur absolue: pas un arbre, pas une plante, mais un désert minéral lentement parcouru par des caravanes de monstrueux engins. Surgissant à l'improviste, de répugnants mutants coupaient la route du joueur menacé d'éviscération, de décapitation ou de dislocation. Avec beucoup d'astuce et d'habileté, on avait une chance de rencontere Evha, l'unique survivante humaine.

Dominique Rocher
La mouche sans raison
Editions Publibook, Paris 2004


>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>   Extrait n°3


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