Carnets de voyage
Décembre 2006 - janvier 2007 Candide, jeune ingénieur, fait de la résistance Le Commercial par Jean Noël Contensou
Candide demanda alors si les relations avec les clients n’étaient pas le domaine réservé a priori à ceux qui sortaient des écoles de commerce ; et il avoua qu’en taupe, ils avaient eu un peu de condescendance envers ceux qui faisaient des prépas commerciales. A cela M. Budet répondit que si les ingénieurs n’empiétaient pas sur le commerce, les commerciaux ne se gêneraient pas pour empiéter sur la technique, et se flatteraient de gagner des affaires infaisables. Il était indispensable de savoir convaincre et vendre, ne serait-ce que ses propres idées à son patron. Pour ce qui est de la vie courante de l’ingénieur, M. Budet parla encore du temps de travail, dénonça le caractère illusoire des trente cinq heures par semaine pour l’ingénieur, en disant que la seule possibilité pratique c’était de diminuer le nombre de semaines, mais attention, ça suppose d’avoir un remplaçant, et parfois, qui va à la chasse perd sa place, c’est la vie ! Une fille demanda si les femmes ingénieurs n’étaient pas pénalisées si elles prenaient tous leurs mercredis, il répondit que si évidemment ; un garçon demanda encore s’il était normal qu’on empêche un ingénieur de venir en bermuda au bureau, et M. Budet lui donna rendez-vous pour dans trois ans, en lui demandant de lui envoyer sa photo au bureau à ce moment-là. Mais M. Budet parla surtout pour finir de la gestion des conflits dans l’entreprise. Il ne parla pas tellement des conflits catégoriels comme ceux qui déclenchent des grèves ici ou là, les ingénieurs ne font pas souvent grève, mais des conflits de devoirs dont on sort par un compromis. Il donna des exemples où on doit choisir entre gagner une affaire en vendant des choses qu’on n’achèterait pas soi-même pour des raisons d’éthique, ou bien rester fidèle à ses principes en mettant en péril la charge de travail et la vie de l’entreprise, et en laissant bêtement l’affaire à un concurrent moins scrupuleux. Comme le compromis de votre chef n’est pas forcément le vôtre dit-il, vous pouvez être tenté d’aller voir ailleurs. Mais on constate souvent qu’ailleurs c’est pareil, et comme on a une famille à nourrir, on avale souvent des couleuvres. Et alors M. Budet conclut en disant que l’essentiel c’était de bien se connaître soi-même, pour avoir une opinion ferme, et de savoir dire à son chef qu’on n’est pas de son avis mais qu’on lui obéira quand même. On n’est pas des carpettes ! En tous cas recommanda M. Budet, si vous claquez la porte, faites-le sans trop de bruit, le monde est petit.. Jean Noël Contensou Candide, jeune ingénieur, fait de la résistance Editions Publibook, Paris 2005 >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Extrait n°11 Copyright Jean Noël
Contensou 2005
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