Art Break juillet-août 2006              

Agnès Pezeu : Dessein d'eau

Il est des rencontres heureuses. Celle d’Agnès Pezeu au détour d’une promenade en est une. Le hasard a voulu que nous la croisions alors qu’elle administrait un dernier petit Make-Up à ses toiles immergées dans les bassins du Parc de Saint Cloud avant la clôture de son installation monumentale

Dans son atelier perché sous les voûtes du Viaduc d’Issy, Agnès Pezeu nous raconte sa belle trajectoire artistique devant un délicieux café - miel. Originaire du Comtat Venaissin elle passe son bac puis fait les arts plastiques à Aix et part pour Paris, histoire de conquérir la capitale : rue de la Condamine, rue Schoelcher... Ecole du trompe l’œil à Pantin. Agnès Pezeu dévoile d’amblé une caractéristique qui ne nous avait pas échappée lors de la rencontre dans le Parc de Saint Cloud : «ce qui m’intéresse c’est de travailler en grand ». D’où l’école de Pantin. Si ses études ne l’ont guère passionnée elle reconnaît «y avoir découvert la matière, la pratique». De là un «plein» de fresques à Alfortville, Courbevoie et Antibes. Et dés lors son style s’affirme. Avant d’investir le Viaduc elle passe un temps dans un atelier sur les quais de Seine face à l’Ile Saint Germain. Aujourd’hui disparu elle garde du lieu un souvenir très vivace : «150 m2 ! Un endroit où l’on a fait en l’an 2000 une installation gigantesque avec du matériel industriel et un char AMX 20, Temps - Contretemps»... Après des années de travail elle prend aujourd’hui quelque recul sur sa démarche et nous l’explique longuement: «j’éprouve un intérêt pour les figures humaines, le corps, l’attitude, les ombres portées, les personnages». Si Agnés Pezeu reconnaît avoir beaucoup travaillé sur le thème des chaises, sa préférence pour les êtres lui semble évidente : «un regard, un portrait, un corps en mouvement... donc je ne suis pas un peintre abstrait». Ce qui l’intéresse c’est ce qui est derrière les choses, les êtres, mais aussi ce qui est dans la toile : «dans la seconde lecture de la peinture, au delà du stade de la couleur, on perçoit les formes. Il existe un sens figuratif». Après cela elle nous dévoile quelques éléments de l’histoire de sa monumentale installation de tableaux dans les bassins du Domaine National de Saint Cloud et à Ville d’Avray  qu’elle vient de clore: «C’est un projet que j’ai conçu de A à Z. C’est aussi la rencontre avec le maire de Ville d’Avray, Denis Badré et l’administrateur du Parc de Saint Cloud, Gilles Bonneviale. C’est en discutant avec eux que j’ai eu cette idée d’installation qui s’appuierait sur le réseau hydraulique. Un an et demi de travail, 27 toiles et un miroir». Un travail harassant de toute évidence. De quoi justifier un second café auprès de notre hôte, accompagné comme il se doit de cet incomparable miel qui vient me dit-on de l’hotel new-yorkais dessiné par Stark...un autre habitué d’Issy. Agnès Pezeu reprend : «Comme pour l’an 2000 j’ai adoré raconter l’histoire du lieu à travers l’art contemporain». Et de poursuivre : «le sens du truc... c’était que je raconte l’histoire du lieu à travers la toile, et pas seulement réduire l’exercice à un jeu entre la toile et l’eau... au départ. Et là, ça m’a donné l’idée de placer mes toiles dans l’eau» ! Là, je mets la cuiller dans ma tasse et commence à entr’apercevoir dans les rides de mon café comme un sens caché, une intention profonde dans la démarche de l’artiste... Agnès Pezeu me regarde ma tasse à la main et poursuit de plus belle : «dans Dessein d’eau j’ai voulu faire plonger le spectateur dans les bassins et dans la peinture afin qu’il se raconte une histoire». Toutefois ce parcours enchanteur pour le promeneur ne serait «ni une BD, ni un scénario, mais quelque chose plus lié à un sentiment, une sensation que l’on peut lire dans le sens que l’on veut». Ceci dit pour d’autres œuvres Agnès Pezeu reconnaît volontiers qu’elle puisse scénariser les choses : «je ne vais pas forcément vers le figuratif, mais comme je raconte des histoires il y a des périodes, comme celle des chaises ». Revenant sur le thème des chaises qu’elle affectionne : «J’aime cette forme plastique, comme les personnages prenant racine. Mais c’est en même temps le sens des choses. La chaise a des racines ».  Et donc selon elle «un côté plastique et philo qui me permet de conter des histoires... Donc ma recherche est dans ces lectures... et le premier lecteur c’est moi-même»... sur ce, j’en profite pour chercher du regard le pot de miel, car le cerveau ne fonctionne qu’au glucose et tout cela commence a être singulièrement intéressant... Agnès Pezeu poursuit : «Je ne pense pas spectateur, je me plonge dans mon travail comme ... Paul Valéry». Là, je la regarde longuement et j’en profite pour demander à Paul Valéry si je peux reprendre un troisième café. J’en profite aussi pour poser une question qui ne peut que tenailler nos lecteurs sur le devenir des toiles de Dessein d’eau? Agnès Pezeu attendait visiblement cet instant qui ne pouvait que survenir tôt ou tard : «elles sont stockées et je ne veux pas qu’elles soient réinstallées dans un autre parc ensemble. Je ne souhaite pas de répétition. Je ne veux pas devenir l’artiste qui installe ses toiles dans l’eau». Ceci dit un de ses tableaux devrait bientôt être installé dans un bassin du parvis de la gare d’Avignon. Un retour aux sources en quelque sorte. 

Bertrand Villeret
ConsultingNewsLine


Agnès Pezeu
Dessein d'eau. Installation aux Parcs de Saint Cloud et Ville d'Avray


Pour Info:


Agnès pezeu
Agnès Pezeu :
pezeu@free.fr



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