Edito Janvier 2004

Méthodologie Juillet 2006 Comportements écologiques et types de stratégies d’entreprises par Yves-André PEREZ, directeur de l’IDCE Nous entrons dans un monde de ressources rares : eau, énergie, matières premières. Les entreprises vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne. Mais comment, et à partir de quelles grilles de lecture, intégrer les comportements écologiques dans les stratégies d’entreprise? La recherche en sciences de gestion a tracé de nouvelles perspectives à ce sujet à la suite des travaux de Shrivastava et Hart (1995) et de Weenen (1999) sur le concept "d’entreprise durable". Selon cette nouvelle approche, le processus de création de valeur financière ne peut être envisagé de façon indépendante de la responsabilité sociale et écologique de l’entreprise. Toutefois, la prise en compte des paramètres environnementaux est susceptible de revêtir deux formes différentes: d’une part, la démarche "utilitariste" n’intégrera la dimension environnementale qu’à condition qu’elle contribue à maximiser le profit de l’actionnaire (Freeman 1984). L’autre démarche, dite déontologique, insiste elle davantage sur l’idée selon laquelle en prenant en compte cette nouvelle dimension, l’entreprise pérennisera son développement en réduisant les risques externes (Shrivastava et Hart 1995, Capron et Quairel-Lavoizelée 2004). Ces travaux offrent également une approche intéressante des comportements stratégiques des entreprises face aux variables environnementales. Ainsi, Caroll (1979) a distingué trois types de comportements stratégiques des entreprises à l’égard des aspects écologiques: les stratégies éco-défensives, les stratégies éco-conformistes et les stratégies éco-sensibles. Les stratégies éco-défensives Elles correspondent aux comportements des entreprises qui considèrent le développement durable comme générateur de coûts et de contraintes pour la maximisation des profits. Ces entreprises s’efforcent de respecter a-minima les nouvelles réglementations mais considèrent négativement la perspective du développement durable. Ces entreprises sont aussi de plus en plus tentées de se développer dans des pays où les réglementations sont plus souples et moins contraignantes. Les stratégies éco-conformistes Elles s’appliquaient aux entreprises qui suivent à la lettre les nouvelles réglementations mais sans chercher à en faire un levier de développement stratégique. Les stratégies éco-sensibles Les entreprises qui s’engagent dans des stratégies éco-sensibles sont celles qui vont au-delà des prescriptions réglementaires que leur imposent les pouvoirs publics et qui s’efforcent d’utiliser le développement durable comme source d’innovation et comme levier stratégique d’action. Yves-André PEREZ, directeur de l’IDCE Pour aller plus loin: Freeman, E, (1984), Strategic management : a shareholder approach, M.A., Pitman Publishing Inc. Shrivastava P. et Hart, S, (1996), Demain l’entreprise durable ?, Revue Française de Gestion, mars-avril-mai, p. 110-122. Hart, S, (1997), Beyond greening : strategies for a sustainable world, Harvard Business Review, janvier-février, p. 66-76. Capron, M et Quairel, F, (2004), Mythes et réalités d’une entreprise responsable, La Découverte, Paris. Caroll, A, (1979), A three-dimensional conceptual model of corporate social performance, Academy of Management Review, vol. 4, n°4, p. 497-505. Pour info: www.idce.fr Copyright Yves Perez 2006 Pour ConsultingNewsLine All rights reserved Reproduction interdite		Planetecologie.org

Comportements écologiques et types de stratégies d’entreprises
par Yves-André PEREZ, directeur de l’IDCE

Nous entrons dans un monde de ressources rares : eau, énergie, matières premières. Les entreprises vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne. Mais comment, et à partir de quelles grilles de lecture, intégrer les comportements écologiques dans les stratégies d’entreprise?

La recherche en sciences de gestion a tracé de nouvelles perspectives à ce sujet à la suite des travaux de Shrivastava et Hart (1995) et de Weenen (1999) sur le concept "d’entreprise durable". Selon cette nouvelle approche, le processus de création de valeur financière ne peut être envisagé de façon indépendante de la responsabilité sociale et écologique de l’entreprise. Toutefois, la prise en compte des paramètres environnementaux est susceptible de revêtir deux formes différentes: d’une part, la démarche "utilitariste" n’intégrera la dimension environnementale qu’à condition qu’elle contribue à maximiser le profit de l’actionnaire (Freeman 1984). L’autre démarche, dite déontologique, insiste elle davantage sur l’idée selon laquelle en prenant en compte cette nouvelle dimension, l’entreprise pérennisera son développement en réduisant les risques externes (Shrivastava et Hart 1995, Capron et Quairel-Lavoizelée 2004). Ces travaux offrent également une approche intéressante des comportements stratégiques des entreprises face aux variables environnementales.

Ainsi, Caroll (1979) a distingué trois types de comportements stratégiques des entreprises à l’égard des aspects écologiques: les stratégies éco-défensives, les stratégies éco-conformistes et les stratégies éco-sensibles.

Les stratégies éco-défensives
Elles correspondent aux comportements des entreprises qui considèrent le développement durable comme générateur de coûts et de contraintes pour la maximisation des profits. Ces entreprises s’efforcent de respecter a-minima les nouvelles réglementations mais considèrent négativement la perspective du développement durable. Ces entreprises sont aussi de plus en plus tentées de se développer dans des pays où les réglementations sont plus souples et moins contraignantes.

Les stratégies éco-conformistes
Elles s’appliquaient aux entreprises qui suivent à la lettre les nouvelles réglementations mais sans chercher à en faire un levier de développement stratégique.

Les stratégies éco-sensibles
Les entreprises qui s’engagent dans des stratégies éco-sensibles sont celles qui vont au-delà des prescriptions réglementaires que leur imposent les pouvoirs publics et qui s’efforcent d’utiliser le développement durable comme source d’innovation et comme levier stratégique d’action.

Yves-André PEREZ, directeur de l’IDCE

Pour aller plus loin:

Freeman, E, (1984), Strategic management : a shareholder approach, M.A., Pitman Publishing Inc.
Shrivastava P. et Hart, S, (1996), Demain l’entreprise durable ?, Revue Française de Gestion, mars-avril-mai, p. 110-122.
Hart, S, (1997), Beyond greening : strategies for a sustainable world, Harvard Business Review, janvier-février, p. 66-76.
Capron, M et Quairel, F, (2004), Mythes et réalités d’une entreprise responsable, La Découverte, Paris.
Caroll, A, (1979), A three-dimensional conceptual model of corporate social performance, Academy of Management Review, vol. 4, n°4, p. 497-505.