Le pOint
Février 2006  

Interview: Patrick Bensabat
P-dg de Business & Decision 

Totalisant 42% de croissance sur l’exercice 2005, Business & Decision, cabinet spécialisé dans le Décisionnel,  démontre que même en période de repli de l’informatique, la croissance peut exister sur la base d’un choix judicieux de technologies et d’un développement à l’International maîtrisé. Avec une offre qui couvre la Business Intelligence, le CRM, l’e-Business, et maintenant certaines niches de l’ERP, Business & Decision est bien "Le" cabinet montant de ce début d’année. A noter qu’avec la création du cabinet Infinéo, Business & Decision  fait son entrée dans le Conseil en Management

Il y a quatre ans, alors que la crise touchait de plein fouet le conseil en systèmes d’information nous avions parié sur le Décisionnel et la Sécurité informatique pour sortir le secteur de son repli malgré un contexte économique difficile. Si les aspects sécuritaires après le 11/9 semblaient bien être au premier rang des préoccupations des entreprises, pour les autres spécialités de l’informatique il était plus difficile de savoir lesquelles verraient un développement. Dans un monde en perpétuel changement  il nous avait pourtant semblé nécessaire de rendre plus visibles les paramètres des entreprises et d’apporter aux décideurs les éléments essentiels à leurs prises de décision. Aussi, les interfaces entre les décideurs et les ERP (grands progiciels de gestion financière) dont les entreprises s’étaient toutes dotées nous semblaient être la niche à conquérir. Business & Decision, qui, pendant cette période, est passé de 200 employés à 1200 est bien là pour démontrer la pertinence de cette appréciation. Il faut dire que le Décisionnel (rebaptisé aujourd’hui Business Intelligence) et le Datawarhousing (technologies permettant de relier des bases de données hétérogènes entre elles et d’y puiser les bonnes informations) sont depuis la création de Business & Decision les spécialités de base de la maison. Elles ne sont plus les seules puisque l’e-Business (au sens du commerce sur Internet comme du travail collaboratif et du lien avec les administrés) et le CRM (Gestion de la relation client) sont venus depuis élargir l’offre du cabinet dont le développement à l’international est impressionnant. Mais tandis que les années 2000 semblaient voir la fin de l’installation de sites web en entreprises et un certain repli du CRM, illustré par le rachat du cabinet Valoris par Sopra alors même que l’intérêt pour le client semblait disparaître, et que l’on observait une stagnation des déploiements d’ERP dans les grandes entreprises qui en étaient déjà toutes équipées, tout au contraire le cabinet de la rue de Courcelles  développait avec succès ses nouvelles spécialités y ajoutant même les ERP sur certaines Niches. Il est vrai que non seulement l’offre de Business & Decision a été  judicieusement déterminée, mais le développement tant en province qu’à l’international s’est appuyé sur des zones en croissance : Rhône-Alpes, Angleterre, Espagne, USA... ce que nous explique Patrick Bensabat, Président directeur général et Directeur Associé.


Patrick Bensabat le cabinet que vous avez fondé et que vous dirigez rencontre une croissance exceptionnelle. Peut-on rappeler les chiffres que vous avez présentés en septembre et en janvier derniers?

Patrick Bensabat : Nous avons fait + 40% de croissance globale [sur l’exercice 2005] dont +32% d’organique et une croissance externe extrêmement ciblée, comme on en a l’habitude, et un développement à l’International fort. D’où un staff qui atteint maintenant les 1200 personnes. Notre objectif, d’ici 2007 est de réaliser 50% de notre chiffre d’affaires à l’International, dont une part importante dans les pays anglo-saxons.


Donc des croissances ciblées et qui ne sont en rien le fait du hasard. Comment tout cela est-il réparti en terme de localisation?

Patrick Bensabat : Absolument. Nous laissons chaque entité géographique développer ses spécificités et parfois nous intégrons des équipes à vocation de mobilité comme récemment à Grenoble, ce qui nous a renforcés sur le pôle SAP chez des clients situés un peu partout en France. Nous avions besoin de renforcer notre expertise sur cette niche de la Business Intelligence où nous sommes  maintenant leader, et il fallait faire vite. Ensuite en Espagne il s’agissait plutôt de la recherche d’une masse critique qui permet une structuration plus forte: contrôle, RH, Marketing... Avec une équipe réduite, l’organisation était difficile. A présent, nous avons plus de 80 personnes à Madrid d’où l’on opère sur toute l’Espagne et également au Portugal. L’Espagne s’est révélée être une opportunité à partir du moment où nous avons rencontré un patron que nous pensions capable de porter le projet B&D, José Rodriguez. Nous allons bâtir le modèle Business & Decision autour de lui. D’origine espagnole, José Rodriguez a fait ses études à Dauphine et est rentré en Espagne il y a environ 7 ou 8 ans. Il avait donc un profil de pensée et de carrière idéal pour nous. C’est important pour nous d’avoir un profil type au meilleur niveau. Dans cette logique internationale, notre grande ambition est de développer notre modèle en Amérique du Nord et notamment aux Etats-Unis. Nous avons démarré en septembre-octobre en intégrant une équipe qui nous a rejoint à Montréal et à Chicago. A présent nous disposons d’une organisation américaine avec un commercial basé à Miami pour la côte Est et un autre basé dans le New Jersey, qui malgré la distance, s’occupe de la côte Ouest et du Middle West. Au total sur l’ensemble des équipes il y a 30 personnes. A noter, 2 acquisitions en cours d’étude devraient nous permettre rapidement de franchir le cap des 100 collaborateurs et nous permettre ainsi de déployer le modèle de Business & Decision, reposant sur plusieurs spécialités et plusieurs partenaires éditeurs.
 

Il existerait donc un modèle Business & Decision. Le savoir faire de base reste cependant très centré  le décisionnel qui semble se développer fortement. Qu’est-ce qui est à l’origine de l’engouement pour cette spécialité?

Patrick Bensabat : Le Décisionnel est positionné dans une tendance lourde. C’est en soi une volonté des entreprises de renforcer le contrôle des processus. Aujourd’hui les patrons d’entreprises sont de plus en plus soumis à une pression liée à des évolutions législatives ou réglementaires résultant elles-mêmes de dysfonctionnements apparus parfois au grand jour telles que Baring ou Enron, et d’une manière générale, d’une plus grande juridiciarisation de la vie des entreprises. De ce constat est né un besoin relatif aux outils de Business Intelligence concernant la production d’indicateurs de toutes sortes. Cette tendance est d’ailleurs confortée par l’arrivée d’un arsenal réglementaire nouveau et important: Bâle II, Sarban Oxley, IFRS, NRS... Cette tendance lourde est parfois une réponse à des situations de crise mais elle génère pour nous un accroissement d’activité sur des sujets existants comme sur des sujets nouveaux.


Quelle est la taille des entreprises qui ont fait appel à vous ? On imagine que ce ne sont pas les plus petites d’entre elles qui à priori peuvent s’offrir des systèmes de pilotage

Patrick Bensabat : Les grandes entreprises sont notre cible privilégiée. Elles sont orientées vers la prise en compte des contraintes nouvelles et prévoient dans leurs budgets les investissements pour ces sujets. Elles forment le cœur de notre clientèle, en tous cas pour l’offre de Business Intelligence.


Et pour le CRM ?

Patrick Bensabat : Ce sujet est plus récent et nous y avons pris une position de Leader. Il faut dire que la place était libre. Nous y avons un taux de croissance supérieur à 50%. Mais contrairement à certains concurrents notre croissance y est à 100% organique. Elle repose sur notre savoir-faire et des partenariats avec de grands éditeurs : Siebel, Selligent...


Cette recherche d’une croissance essentiellement organique est-elle une marque de fabrique de Business & Decision?

Patrick Bensabat : Depuis 1992, Business & Decision  a connu une seule année de pertes, (2001) voire même un seul trimestre (sept). Nous avons toujours privilégié la rentabilité au détriment du chiffre d’affaires. L’accroissement du chiffre d’affaires est venu tout seul. Nous n’avons jamais pris de risques en croissance externe car nous avons toujours été auto-financé. Aussi l’argent levé en bourse ne sert qu’à palier au besoin en fond de roulement. Business & Decision  est l’une des rares affaires à atteindre + 40 % de croissance, le tout financé sur notre trésorerie.


Au delà de cette croissance organique il y a tout de même eu quelques rachats d’entreprises en province et à l’International. Peut-on en rappeler la liste de manière chronologique?


Patrick Bensabat : À l’international, nous avons franchi une nouvelle étape dans notre développement en octobre dernier, grâce à la création de Business & Decision North America dont l’activité est basée sur nos expertises en ERP et en Business Intelligence. L’activité e-Business du Groupe a été consolidée par l’acquisition de la société Domino Systems en mai 2005, société spécialisée en création Web et intégration de technologies e-Business. Par ailleurs, l'acquisition en avril de la société de conseil et d'ingénierie Nexhos d’une quinzaine de consultants, basée à Bruxelles et au Luxembourg, a permis à Business & Decision de renforcer son expertise en Business Intelligence et CRM. En France, une politique d’acquisitions ciblées et la création de nouvelles niches d’activité ont permis de compléter notre offre. En mai 2005, l’acquisition de Métaphora, société spécialisée dans l’accompagnement au changement des utilisateurs a permis à Business & Decision d’offrir des prestations de formalisation des organisations et des processus, dans l’objectif d'accompagner ses clients sur toutes les phases de leur projet. La venue de la société grenobloise Wel Network en août 2005 a permis de renforcer notre partenariat avec SAP.

L’e-Business est donc plus récent pour vous que le Décisionnel. Ce secteur depuis l’an 2000 a vu de grandes réussites (Ebay, Amazon...) comme des échecs (Boo.. etc). Qu’en est-il pour Business & Decision et ses clients?

Patrick Bensabat : Malgré nos forts savoir-faire, Business & Decision reste pas assez connu sur cette niche,. C’est une activité qui a suivi un cycle. Nous nous positionnons dans le peloton de tête des 3-4 leaders en France, mais nous ne sommes pas encore suffisamment identifiés par le marché. Aujourd’hui Business & Decision a noué des partenariats avec de très grands groupes. Par exemple, nous réalisons et animons 50 à 60 sites pour le groupe Canal +. Nous sommes également présents dans le e-Commerce où nous réalisons des refontes de sites très visibles. Enfin nous sommes sur de très grands projets comme avec Thalès. De fait, Business & Decision  est très crédible sur la responsabilité de grands projets d’e-Business en France et en Angleterre. Mais il est clair qu’il est nécessaire d’acquérir plus de notoriété. Nous proposons par exemple une offre e-administrion dans le Val d’Oise où nous fédérons plus de 80 communes, ainsi que dans d’autres lieux tels que La Rochelle... Dans ce cas précis il s’agit relation e-Citoyen. Nous construisons des outils de travail, de gestion des flux, d’affectation des charges, de télé-procédures qui facilitent la relation entre administration et citoyen. Pour ce faire nous avons fait le choix d’outils Open-Source qui permettent de faire des économies à l’Etat ainsi qu’aux collectivités territoriales. Une réelle volonté de mutualiser des ressources et de construire des plates-formes réutilisables s’appuyant sur des outils gratuits a été identifiée chez certains donneurs d’ordres. Cette approche permet de démontrer qu’au final l’Etat et le contribuable sont gagnants. Une véritable logique d’optimisation des processus au profit de la relation avec le citoyen pour un coût raisonnable se fait ressentir. Notre démarche s’appuiesur une vraie connaissance de la relation e-Citoyen ; par exemple nous avons créé et animé le site de débat sur l’Ecole pour le compte du Ministère de  l’Education Nationale.


Un point commun entre l’e-Citoyen et le CRM c’est qu’au bout du compte vous faites en sorte de mieux servir et connaître les administrés comme s’ils étaient des clients. Est-ce que cette notion de « chouchoutage » n’est pas un peu décalée en France où l’on se « fiche » souvent pas mal de qui l’on sert, toutes professions confondues?
 
Patrick Bensabat : Aujourd’hui le concept fondamental dans le CRM comme plus tard dans la relation e-Citoyen, c’est d’avoir des bases de données suffisamment riches pour pouvoir connaître au mieux les besoins des interlocuteurs et agir plus efficacement dans la relation. En CRM, Business & Decision est très présent dans l’opérationnel où l’on doit s’appuyer sur une connaissance très fine du Client pour que les vendeurs, les télémarketeurs, et tous les interlocuteurs potentiels du Client de l’entreprise soient plus efficaces. La vraie question, selon moi, est de savoir quand la France va combler son retard en terme de gestion de la relation client et ainsi remonter la priorité des projets qui s’y rapportent. Il est vrai qu’on voit encore des choses étranges comme les Hot-Line payantes, même si cela ne reste que la partie visible de l’iceberg. Certaines entreprises n’investissent pas suffisamment dans la gestion de la relation avec leurs clients. Heureusement, confrontés à la concurrence mondiale, les leaders français montrent la voie. Le client va s’habituer à des normes plus exigeantes et les fournisseurs devront se différencier sur autre chose que le prix, comme par exemple le service associé. Pour optimiser ce service associé, il y a toute une philosophie et une gamme d’outils pour la soutenir concrètement. A ne jouer que sur les prix les gens finissent par se lasser. Je ne citerai pour illustrer mes propos que ce qui se passe sur le commerce via Internet où le service est pour le moins hétérogène mais devient de plus en plus différenciant !


Business Intelligence, CRM, e-Business, quelle peut bien être le prochain service que votre société va développer?

Patrick Bensabat : Nous sommes un acteur de niche. Aussi nous essayons de trouver des créneaux où notre modèle peut s’appliquer. Ce modèle repose essentiellement sur la génération de valeur ajoutée pour nos clients sur des projets spécifiques avec une possibilité pour nous d’atteindre une masse critique. Notre expertise reconnue s’appuie alors sur un partenariat fort avec des fournisseurs de technologie. Deux nouveaux pôles ont ainsi été identifiés : le premier est la mise place de l’ERP de BAAN (SSA) qui est très fort dans le secteur du  Manufacturing, et le second est le développement d’un Pôle Consulting autour d’une marque que nous avons créée « Infinéo ». Yves Jarlaud, ex patron du conseil de PwC, dernièrement VP chez  BearingPoint en prend les commandes. Là, il s’agit de conseil en management d’où une marque séparée. Ce pôle Consulting prendra en compte des activités comme l’accompagnement des Directions financières, la gestion des processus, l’accompagnement stratégique... mais toujours avec une approche de spécialiste. On attend de ces deux nouvelles activités environ 6% de notre CA pour 2006.


C’est un scoop à la fois pour INFINEO comme pour BAAN. Sur ce dernier point quels sont les divers Partnerships que vous savez avec les divers fournisseurs de technologies?

Patrick Bensabat : En Business Intelligence nous sommes liés à des éditeurs comme : Hyperion, Cognos, Business Objects, SAS Institute, SAP, Siebel et Microsoft. En CRM : Siebel, Selligent, Ephiphany, Unica. En e-Business : Novell et BMC Software. En ERP : Baan. Mais cette liste n’est pas exhaustive.


En conclusion Patrick Bensabat comment envisagez-vous le futur de Business & Decision ? Un tournant vers l’Est et l’Asie du Sud Est est-il en perspective?

Patrick Bensabat : On voit l’avenir résolument tourné vers la croissance. Je suis optimiste pour 2006. On peut améliorer notre Leadership et renforcer notre position dans les pays anglo-saxons dont les USA. Pour Business & Decision  il est nécessaire dans un premier temps de consolider les pays anglo-saxons . Par la suite, les Etats-Unis formeront la plate-forme vers l’Asie. Nous avons déjà des clients en Chine via notre filiale américaine.

Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef, ConsultingNewsLine



Pour info :
http ://www.businessdecision.com

Whoswoo :
Patrick Bensabat



Business & Décision

Spécialités
Conseil et ingénierie en :    
 - Management Consulting
 - Business intelligence (informatique décisionnelle)
 - Gestion de la relation client (CRM)
 - e-Business
 - ERP

Création en France : 1992
Dirigeant : Patrick Bensabat
Siège : Paris (75)
CA 2003 : 54 M€
CA 2004 : 64 M€
CA 2005 : 91,2 M€
Effectifs : 1200
Plus de 2 100 projets réalisés pour 1 150 clients européens

Implantations
France: Paris, Aix-en-Provence, Bordeaux, Caen, Grenoble, Lyon, Nantes, Lille
Europe: Amsterdam, Bruxelles, Cambridge, Edimbourg, Genève, Londres, Manchester, Madrid, Zurich
Offshore: Tunisie
Amérique du Nord: Canada – Montréal



Copyright Quantorg  2006
pour ConsultingNewsLine
All rights reserved
Reproduction interdite
 Patrick Bensabat

Convergeonline