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26 Septembre  200

Yves de Chaisemartin prend la direction d'Altran

Président du Conseil de Surveillance depuis juin 2005, Yves de Chaisemartin prend les rênes d'Altran Technologies en remplacement de Christophe Aulnette. Une révolution de palais qui  intervient alors même que le groupe de conseil technologique français achève une restructuration qui devrait le faire passer d'une constellation de filiales autonomes à un groupe plus monolithique divisé en 5 branches opérationnelles


Yves de Chaisemartin, Président du Conseil de surveillance d’Altran Technologies vient d’être nommé Président du Directoire (President of the Management Board) d’Altran Technologies en remplacement de Christophe Aulnette, ex patron de Microsoft France nommé à la tête d’Altran en 2004. Eric Albrand, Directeur financier (Chief Financial Officer) et François-Xavier  Floren Directeur opérationnel (Chief  Operating Officer) sont à  cette occasion confirmés dans leurs fonctions et Dominique de Calan est élu à la présidence du Conseil de surveillance en remplacement d’Yves de Chaisemartin.

Avec l’arrivée d’Yves de Chaisemartin aux commandes, c’est un homme de presse et d’influence qui prend les rênes du Leader européen du conseil en innovation.  En effet Yves de Chaisemartin, juriste de formation, a passé une grande partie de sa carrière à la tête de la Socpresse, le groupe de communication de Robert Hersant*, d’abord comme Directeur à partir de 1986 puis comme Directeur général, comme Président-directeur général et enfin comme Président du directoire jusqu’en septembre 2004, période au cours de laquelle il devait aussi servir en tant que Président du directoire du Figaro, P-dg de France-Soir et Directeur général de La Cinq. Yves de Chaisemartin a d’autre part été Président du Syndicat de la Presse Parisienne, a siégé au Conseil du Syndicat de la Presse Régionale et servi comme Président du Conseil Supérieur des Messageries de Presse. Après la prise de contrôle du groupe de presse par Serge Dassault, Yves de Chaismeartin a rejoint Altran Technologies.

Communication et technologies forment les deux points d’appui des empires modernes, ce que ne démentiraient ni le groupe Lagardère ni même Vivendi, à la réussite moins éclatante dans ce genre. En 2005 Yves de Chaisemartin rejoint donc Altran. Fort de 16 000 collaborateurs le groupe du Boulevard Pereire, récemment relocalisé à Levallois Perret dans de magnifiques bâtiments qui font face à PriceWaterhouseCoopers, est devenu depuis sa création en 1982 le numéro un européen du conseil en innovation technologique. Ce "Capgemini de la technologie" s’est même permis de reprendre en 2003 Arthur D. Little, le plus ancien cabinet au monde, créé par le chimiste Arthur Dehan "Doo" Little en 1886 et dont l’ancienneté ne rivalise qu’avec celle du cabinet d’audit Deloitte (1845). Toutefois Altran, qui pendant la crise économique de 1992 proposait aux jeunes ingénieurs des postes de consultant là où le marché ne leur offrait que le chômage, Altran donc n’a jamais vraiment réussi à obtenir les faveurs du microcosme du conseil ni de la presse française, laquelle confond facilement le conseil et l’intérim, la technologie et l’informatique. Aujourd’hui encore les manchettes sur Altran passent régulièrement dans les rubriques informatiques des grands journaux et la société est systématiquement qualifiée de SSII. Pourtant seulement 15% de son activité concerne les systèmes d’information... Altran est en fait le seul groupe au monde qui fasse du conseil en innovation sur une large échelle, ce qui regroupe des spécialités qui vont du nucléaire à l'astronautique en passant par la biochimie... Mettre à la disposition des entreprises industrielles des équipes - projet et un savoir-faire en management de la R&D dans tous les compartiments de la science et de l'ingénierie forme le coeur de compétence du groupe français. Capitalisant sur les talents de ses consultants Altran propose des services comparables à ceux de Bertin Technologies, du Stanford Reasearch Institute, du  Batelle Institute, tout en évitant l’écueil d’avoir à rentabiliser des laboratoires. D’ailleurs lors de la capture d’ADL en 2003 Altran avait évité la reprise des laboratoires d'Akron Park aux USA, même s'il avait repris Cambridge Consultants (Cambridge, Boston), entitée appartenant initialement à ADL. Bref pas d’ In-house mais de l’externalisation de la R&D ... et ce, plutôt chez le client, au travers d’équipes projets. Il fallait y penser ! La participation à la victoire du Renault F1 Team en octobre 2005 en a été l’illustration la plus probante, 15 consultants Altran ayant officié à Viry Chatillon auprès des ingénieurs de Reanult. Autre spécificité du groupe, cette fois-ci organisationnelle : une structure comprenant près de 200 entreprises autonomes commercialisant sous leurs propres marques des spécialités pointues (Tmis pour le décisionnel, ADL pour la stratégie, Prime pour le management etc..). Avantage de cette structure historique : autonomie et responsabilité totale des patrons d’entités. Inconvénient : une synergie faible, voire parfois une certaine rivalité et une consolidation des comptes qui n’était pas des plus faciles et qui a certainement contribué aux anomalies comptables observées en 2001 et pour lesquelles une instruction reste en cours. En tous cas de quoi susciter l’ire d’une presse économique à l’indignation aussi fluctuante que partisane. Aussi la présence d’Yves de Chaisemartin, est perçue comme un avantage certain pour le groupe dans ses liens avec le microcosme médiatique. Côté Com’ quelques nouveautés sont apparues en 2005 comme la nomination d’un Directeur de la Communication, et le fait de confier certaines opérations à Euro RSCG. Côté organisation, le projet de regrouper l’ensemble des filiales dans une grande structure commercialisant sous le nom d’Altran Technologies. C’est en tous cas la mission qui semble avoir été celle de Christophe Aulnette, voire celle qu'il s'est lui même définie. Ainsi le groupe, malgré le départ de son réformateur, devrait bientôt passer d'une constellation de filiales autonomes à une structure  plus monolithique divisée en 5 branches opérationnelles. Si rien n'est encore définitivement fixé et si les termes désignant les diverses branches ne sont pas encore consacrés, le groupe pour les années à venir devrait se structurer comme suivant:

-  1   TELCO: Telecom, Mutltimedia, Electronics
-  2   AIT:       Automotive, Infrastructures, Transportation
-  3   ELF:      Energy, Life Sciences
-  4   ASD:     Aerospace & Defence
-  5   Offre      Innovation, achats, supply-chain
 
Cette nouvelle structure, toutefois, ne devrait momentanément pas toucher certaines entités récentes comme le cabinet Prime, qui regroupe l'offre de Management méthodologique. De même, et là pour des raisons plus culturelles, elle ne devrait pas affecter le cabinet Arthur D. Little, même si  les nominations de Michael Träm comme P-dg (Chief Executive Officer) et de François Valeraud Directeur Général (Chief Operating Officer) montrent clairement qu’Altran compte bien assumer sa présence au sein d’ADL. En effet  Michael Tram, ancien d’A.T. Kearney et plus récemment de Celerant Consulting, a été nommé préalablement membre du Comité de direction d’Altran et François Valeraud, ex PriceWaterhouseCoopers et ex Microsoft était précédemment Directeur du développement et de la stratégie d’Altran. Si l’initiation de synergies entre ADL et Altran reste assez théorique, on peut par contre compter sur la volonté d’Altran de renforcer la marque ADL en France .

Aussi le départ de Christophe Aulnette, officiellement pour désaccord personnel, ne marque-t-il probablement que la fin de la période de préparation de la consolidation du groupe, travail pour lequel Yves de Chaisemartin rend aujourd’hui hommage à son artisan dans un communiqué. La presse économique en a profité pour évoquer des tensions internes. On peut le croire lorsque l’on imagine les transferts de responsabilité que la consolidation doit entraîner de fait, de nombreux P-dg devenant à priori de "simples" Directeurs d’activité, voire Directeurs de branche. Cependant certaines nominations, comme certains départs récents, peuvent avoir contribué à générer des tensions envers un exécutif qui en paie aujourd'hui le prix. C’est en tous cas l’impression qui transparaissait lors de la remise des Prix de l'Innovation de la fondation Altran en Juin dernier, au cours de laquelle les tensions internes apparaissaient évidentes et les surprises nombreuses. Ainsi, d’aucun constataient le départ de Pierre Dreux de la Direction scientifique de la Fondation et  le départ de Claude Emmanuel Boisson, artisan du contrat avec le Renault F1 Team, de la Direction scientifique du Groupe, pour ne citer que les plus visibles. Départs de deux personnalités scientifiquement et médiatiquement incontestées... Une des priorités d’Yves de Chaisemartin sera donc d’établir un climat apaisé dans une société où le Turn Over reste somme toute assez élevé.

Avec le changement d’organisation qui se profile, certainement une des évolutions majeures du groupe depuis sa création en 1982, puisqu'elle en modifierait profondément le Business Model, Altran entame une seconde époque. Une ère nouvelle aussi. En effet, la perte de compétitivité de l’occident et le départ précipité des usines vers l’Est et l’Asie font que dans un avenir proche on parlera peut-être moins de l’organisation interne d’Altran Technologies que de son chiffre d’affaire à l’international, fort heureusement déjà de l’ordre de 50%. Des études récentes montrent en effet que 30% de la R&D occidentale pourrait être Offshorée sous 3 ans!.. L’Asie compte bientôt plus de scientifiques que l’occident et La Chine et l’Inde à elles seules produisent aujourd’hui plus de docteurs en sciences par an qu’il n’y en a en France. Avec le départ de Christophe Aulnette c’est aussi une certaine connaissance de l’Asie qui va faire défaut au groupe.

Bertrand Villeret
Rédacteur en chef
ConsultingNewsLine

Pour info:
http://altran.net/

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